Éloge de la fiction

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TitreÉloge de la fiction
Type de publicationLivre
Année de publication1999
Auteur·e·sMarc Petit
Nombre de pages148
ÉditeurFayard
VilleParis
Résumé

Résumé descriptif:

Cet essai de Marc Petit se veut une réponse implicite à l’ouvrage Contre l’imagination de Christophe Donner, paru l’année précédente chez le même éditeur, ainsi qu’à la vague d’« auto-nouvelle-fiction », comme la nomme l’auteur, incarnée par Donner lui-même, Christine Angot, Michel Houellebecq et plusieurs autres. L’auteur français y traite principalement de la question du réel en création littéraire, ce monde « hors les mots » (p. 15) qui précède toute forme de discours et doit être représenté par l’écriture.
Par sa forme, Éloge de la fiction prend d’emblée un parti-pris pour la fiction; l’auteur y mêle les styles, passant d’un ton essayistique à un ton plus romanesque, dans un esprit toujours cynique et ludique. En plus de parodier le style de ses « ennemis » qui pratiquent « l’auto-nouvelle-fiction », Marc Petit insère dans son essai des bribes de textes fictifs (de son cru et de Beckett, notamment), de nombreuses citations, ainsi qu’un dialogue avec un modérateur qui lui pose des questions sur sa notion du réel afin de vulgariser ses propos. 
En réponse aux détracteurs de la fiction, qui prônent la fidélité au réel et sa représentation exacte par l’écriture, Marc Petit propose l’idée que l’auteur de fiction travaille en relation avec des mythes du passé en tant que récits de fondation, tentatives d’expliquer le monde, le mystère de la condition humaine. Ainsi, l’écriture fictive tenterait de mettre de l’ordre dans le chaos, de donner forme aux angoisses de l’origine dans une optique de filiation littéraire, pour en arriver ainsi à transcender la réalité avérée en créant un nouveau théâtre de signification.
En ce sens, le moi ne devrait pas être confondu avec le « je », cette instance d’énonciation qui ne reflète pas la vie de l’auteur, mais le sépare de son moi et des faits de sa vie pour le faire entrer dans la fiction, le déguiser et le structurer pour lui redonner sens. Et c’est par ce qu’il nomme la « nouvelle fiction » (fiction qui pose un regard sur elle-même et éveille autant l’auteur que le lecteur sur ce qui s’accomplit sous ses yeux) que devient possible cette « quête infinie de sens » (p. 108).
 
Résumé interprétatif:
 
Depuis le Nouveau roman français, la fiction romanesque a besoin de constantes redéfinitions. En ce sens, l’essai de Marc Petit pose une question éminemment moderne : « Qu’est-ce qu’une fiction? » Un récit de soi déguisé à la première ou à la troisième personne; l’histoire d’un autre qui camoufle un auteur sous ses ornements stylistiques; un roman avec des personnages et leurs vicissitudes? La question est évidemment beaucoup plus complexe que ces quelques interrogations et que ce débat entre réel et imagination relancé par Petit suite à la publication de l’ouvrage Contre l’imagination de Christophe Donner. L’auteur de Éloge de la fiction tente quant à lui d’y répondre avec sagacité et humour, ne se gênant pas pour parodier les détracteurs de la fiction qui se réclament du récit de soi et de toutes les formes de l’autobiographie, tout en proposant de nouvelles manières d’envisager le réel et sa mise en fiction. 
Marc Petit s’insurge contre cette manière de conjoindre le langage et le réel dans une optique de vérité, de sincérité et de fidélité. Selon lui, dès qu’ils sont écrits, les mots deviennent automatiquement fiction; leur simple tentative de dire le monde les font entrer dans le champ de la représentation. Toutefois, les mots ne représentent pas le réel avec exactitude, mais le gardent à distance pour ne pas s’y perdre, s’y laisser engloutir. Parce qu’il précède la parole, le réel est constamment à dire, à mettre en mots, à raconter, à réécrire pour lui donner forme, une forme « qui ne fasse qu’un avec le mouvement de la narration, chaque fois singulier » (p. 128). 
La question du « je », de l’énonciation, se révèle donc fondamentale dès que l’auteur interroge la fiction. Marc Petit est formel, le moi n’est pas le je parce que le je appelle la fiction et non le vécu. Au lieu de révéler la vie de l’auteur, son « vécu », le je se prononce contre le moi, pour le « vivant », c’est-à-dire pour une écriture qui marque la séparation entre le moi et son image fictive, « sépare le vivant de toute espèce de vivant » (p. 85). Ainsi, le « je » déguise le moi, lui fait porter des masques, le met à l’épreuve dans la fiction, figure le réel pour le transcender et lui donner sens, ou plutôt « une promesse de sens » (p. 107). De ce fait, écrire serait donner pour réel ce qui ne l’est pas, révéler un moi inédit en le défigurant, et le re-figurant par le biais de la narration.
Petit dénonce donc les fictions populaires, où le dénouement fait en sorte que tout rentre dans l’ordre, un ordre aliénant socialement, un ordre qui fait taire les questionnements identitaires et existentiels et qui met fin au réel pour en faire une réalité absolue. La clarté que l’écrivain met dans le chaos, rappelle l’essayiste, n’a rien de fini, de consommé comme le fameux happy end de l’idéologie hollywoodienne. La fiction ne ferme pas les voies de la signification, bien au contraire; au lieu d’être un « instrument de domestication » (p. 69) du sens, elle le met incessamment à l’épreuve.
Marc Petit, par son éloge, s’inscrit dans ce qu’il nomme la nouvelle fiction, c’est-à-dire une fiction qui « fictionne l’acte d’écrire », qui la regarde à distance et la questionne, pour ensuite dialoguer avec le lecteur, avec son imaginaire qui forme aussi le récit. Ainsi, il le conscientise par rapport à ce qu’est la fiction. En alliant « la vitalité du mythe à la vivacité de l’esprit critique » (p. 119), en redécouvrant les « pouvoirs perdus de la fable et de la fiction » (p. 127) à travers une présence d’esprit, une vision moderne, l’écrivain laisse dès lors de déployer un dialogisme propre à la fiction. Dans son essai, Petit exploite cette écriture dialogique, mêlant les formes comme s’il s’en cherchait une (à l’image de l’écriture de fiction), dialoguant avec un modérateur qui finit par comprendre son jeu : « Sous couvert d’écrire un essai sur la fiction, n’êtes-vous pas en train d’écrire une fiction sur l’essai? » (p. 130)
 

Source : Interligne - UQÀM (http://www.interligne.uqam.ca/pages/liste_biblio.asp)