Au commencement était l’amour. Psychanalyse et foi

×

Message d'erreur

Warning : Illegal offset type dans drupal_add_js() (ligne 4210 dans /var/aegir/platforms/drupal-7-2013.11.27-dev/includes/common.inc).
×

Message d'état

  • Active context: noeud_biblio_bibliographie
  • Active context: biblio_pas_issue_de_memoire_these
Retour
TitreAu commencement était l’amour. Psychanalyse et foi
Type de publicationLivre
Année de publication1997
Auteur·e·sJulia Kristeva
CollectionBiblio/Essais
Nombre de pages126
ÉditeurLe Livre de Poche
VilleParis
Résumé

Résumé descriptif: 

Au commencement était l’amour tire son origine d’une conférence, prononcée par Julia Kristeva en 1984, sur les rapports entre psychanalyse et foi. L’intention de l’auteure était alors d’éveiller «un écho au sein de [n]os angoisses personnelles et de [n]os interrogations philosophiques ou métaphysiques» (p. 89). Divisé en neuf chapitres, l’essai s’intéresse donc principalement à la «signifiance» chez le sujet en psychanalyse.
 
Le rôle de la psychanalyse étant de faire accéder à la conscience l’imaginaire de l’analysant, pour que celui-ci le confronte à sa réalité et le transforme en une expression plus acceptable, la parole de l’analyse tend à intégrer le «sémiotique», langue d’avant la langue, pour permettre au patient d’accéder à ses expériences infralinguistiques. Pour Kristeva, le processus analytique représente ainsi «[l’]expérience la plus radicale de lucidité [de] l’être parlant» (p. 87), parce qu’il conduit potentiellement l’être humain à rompre avec ses croyances archaïques, à renouer avec l’Autre en lui et en dehors de lui. 
 
Dans un monde désormais «technique» où l’humanité «vit de, et dans, la séparation, […] «[l’]analyse est un apprentissage de la séparation à la fois comme dédoublement et comme perte» (p. 85). Or, cet apprentissage, qui donne sens à la quête du sujet, ne peut advenir que par la reconnaissance du désir comme ouverture à l’Autre. C’est ce que Julia Kristeva nomme le substrat fantasmatique et qui apparaît d’ailleurs dans le Crédo catholique dont elle propose une réinterprétation.
 
Étayant sa réflexion d’observations cliniques, l’auteure rapproche l’analyse de la création en soulignant que, comme la cure, la fiction narrative traduit «un sujet déstabilisé en quête de stabilisation perpétuelle» (p. 35). Par ces parallèles entre création, analyse et foi, l’essai illustre finalement l’idée que, pour l’être humain, «le langage n’est pas coupé du corps, le “Verbe” pouvant au contraire à tout instant toucher la chair» (p. 17).
 
Résumé interprétatif:
 
Dans Au commencement était l’amour, Julia Kristeva adopte un parcours «volontiers hétéroclite» (p. 93) afin de traiter de psychanalyse et de foi par le biais de références touchant, entre autres, la métaphysique, la philosophie et la littérature. L’essai constitue une œuvre ouverte qui suscite la possibilité de faire naître de nouveaux discours, mieux adaptés à l’être humain d’aujourd’hui en quête d’une parole qui lui appartienne en propre.
 
Pour Kristeva, l’homme, être sexué et sexuel, clivé, dédoublé, soumis à la faille entre sa parole et son désir, entre le je et le moi, tente de combler le hiatus qui le conditionne, en «une quête d’adéquation jamais atteinte entre le “sens” et la “chose”» (p. 96). Cette sexualisation du psychisme demeure, selon l’auteure, un outil important pour comprendre l’humanité souffrante. Il s’agit en effet de «voir» le monde le plus lucidement possible à partir du désir, d’un désir sans fin dont le langage s’inscrit comme parole, sens et jouissance, en un «tissu indissoluble d’excitabilité et de signifiance» (p. 73). 
 
L’objet de la psychanalyse réside précisément dans cette parole échangée, dans ce transfert de mots porteurs des traces des «fantasmes fondamentaux» (p. 62) dont Kristeva estime que l’expression ultime se trouverait, pour les chrétiens, dans le Credo : discours «qui donne des images à la brisure même d’une logique qui nous traverse secrètement et fondamentalement» (p. 65). Selon l’auteure, le Crédo est une «solution de compromis» (p. 27) à la souffrance, intervenant sur le psychisme du croyant comme une structuration du désir, de tout ce qui, dans l’imaginaire du fantasme, serait autrement insupportable. Par l’acceptation des dogmes et l’identification à Jésus, homme-dieu dépouillé de désirs et, en même temps, soumis lui aussi à la douleur, le sujet sublime la souffrance abandonnique et peut accéder à une «autre dimension, celle de la symbolicité où se déploie, par-delà la frustration et l’absence, le langage» (p. 63).
 
En envisageant de la sorte la religion chrétienne pour passer du «macrofantasme au microfantasme» (p. 67), Kristeva met à jour le contenu pulsionnel des discours, en un mouvement vers le «terrain de l’imaginaire, du jeu, de l’ouverture où le calcul peut devenir renouvellement, Création» (p. 96). 
 
C’est encore sous l’angle du questionnement critique que Kristeva aborde son dernier chapitre, «À propos de l’athéisme de Sartre», ajouté en 1997 à l’édition originale de son essai paru en 1985. Elle y compare la vision sartrienne de la néantisation au néant heideggérien et à la négativité chez Freud pour conclure qu’il n’y a pas d’aboutissement possible, en partie à cause du perpétuel mouvement du discours, comme celui de la nécessité constante de l’interrogation et du «besoin vital d’illusion, [...] vecteur sur lequel se bâtit notre capacité d’halluciner-représenter-imaginer-penser» (p. 125). L’existence reposerait finalement sur la liberté de poursuivre toute sa vie la transcendance subjective du pour-soi sartrien (ce que l’homme veut être), en une constante révolte contre toute adhésion consentie au détriment de la lucidité et de la conscience. Kristeva conclut que «donner du travail à ce travail du sens [constitue] l’expérience même de la pensée lorsqu’elle se pense» (p. 102-103) et ne peut dès lors que porter le nom d’athéisme.