En vivant, en écrivant

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TitreEn vivant, en écrivant
Type de publicationLivre
Année de publication1997
Auteur·e·sAnnie Dillard
CollectionBibliothèques 10/18
Nombre de pages142
ÉditeurChristian Bourgois éditeur
VilleParis
Résumé

Résumé descriptif:

C’est à partir d’une réflexion sur son rapport à l’écriture et au métier d’écrivain qu’Annie Dillard tisse des liens, dans En vivant, en écrivant, entre le livre, la vie et l’écriture. Plein d’humour et d’une grande simplicité, ce texte questionne «en toute humilité» (p. 11) l’utilité de ce métier, entre tous les métiers, même si écrire, selon elle, «[c]’est la vie à son plus haut degré de liberté» (p. 21). Ainsi, elle s’interroge sur l’intensité, l’intimité, la sensation et le regard, mais surtout sur la place de l’écriture dans chacune de nos vies, des mots qui n’épuisent pas la vie, des «mots [qui] mènent à d’autres mots» (p. 77). Comme si la vie de l’écrivain consistait en somme à suivre un chemin tracé pour lui seul. L’acharnement que met Dillard à poursuivre les mots dans leurs derniers retranchements témoigne de «cette vie d’écriture» (p. 83) qui est la sienne, de ses questionnements, de ses doutes et de ses angoisses.
 
En ce sens, la question du lieu demeure primordiale pour elle, dans la mesure où l’écriture nécessite des conditions matérielles appropriées et ne peut advenir sans «un emploi du temps qui protège du chaos et du caprice» (p. 45) de l’existence. Aussi, c’est à travers les aléas de la vie quotidienne et des contraintes matérielles que l’auteure se penche sur son propre domaine d’écriture, c’est-à-dire sur «ce qui a été fait, ce qui peut être fait [et] les limites» (p. 91) de son univers romanesque. En somme, En vivant, en écrivant donne à lire une vision de l’écriture qui échappe toujours à son créateur, comme si l’œuvre ne pouvait, en définitive, naître que de la détermination de son auteur qui en découvrirait le sens au fur et à mesure, en suivant la ligne des mots, «à la recherche des fissures du firmament» (p. 32).
 
Résumé interprétatif:
 
Avec En vivant, en écrivant, Annie Dillard invite le lecteur à réfléchir aux divers aspects que revêt le métier d’écrivain à travers la question de la posture du créateur, des lieux, de la nécessité de l’écriture et de l’exigence de l’œuvre. Ainsi, le propos vif et coloré glisse d’un sujet à l’autre, comme s’il s’agissait d’une conversation entre l’auteure et le lecteur où un je interpelle sans cesse —et en vain— un tu anonyme et invisible. Mais chez Dillard, la présence de ce tu qui renverrait, en d’autres circonstances, à l’autre et qui reste sans réponse, est une autre façon d’écrire je, une autre façon de s’écrire. Car ce tu est en fait, pour l’auteure, une manière de se déployer dans le texte, de s’inscrire dans «une ligne de mots» (p. 11) et de la diriger ensuite sur le chemin qui mène à l’œuvre. 
 
Au fil des pages, Annie Dillard développe «une vision de l’œuvre et non pas du monde» (p. 76), qui rend compte de «la structure intellectuelle et [de] la surface esthétique de l’œuvre» (p. 75) translucide et lumineuse. En cela, à travers la structure de l’œuvre, le lecteur et le créateur, écrivain ou non, peuvent voir le monde, y accéder et l’appréhender. Aussi, l’esthétique qu’elle développe repose sur une posture éthique qui, comme la ligne des mots, «éclaire le chemin juste devant son extrémité fragile» (p. 16), relève de quelque chose de l’ordre de l’humilité et de l’effacement. Est-il nécessaire «que nous apprenions ce que cela a coûté personnellement à l’auteur» (p. 16) pour pouvoir juger de l’œuvre ? 
 
En outre, de très beaux passages sur les enjeux du travail créateur côtoient des réflexions sur l’écriture et certains aspects plus concrets de la vie de l’écrivain. Chez Dillard, on sent bien que le réel est le point de départ de l’imaginaire et le point d’ancrage de l’œuvre. Dans le dernier chapitre, où elle raconte les exploits du pilote acrobatique Dave Rahm, on peut se rendre compte combien sa vision de l’écriture est imprégnée d’une certaine forme de renoncement : «il courbait sa ligne de mille manières inédites, comme s’il inventait une écriture et qu’il traçait une seule expression curviligne jusqu’au moment où je crus les frontières de la beauté sur le point de céder» (p. 139). Ainsi, ce n’est pas seulement une vision de l’écriture que l’auteure donne à lire, mais un texte qui met à l’épreuve sa propre vision, qui a suivi le chemin des mots et qui s’est laissé entraîner par eux du premier aux derniers, jusqu’à s’écrire lui-même. 
 
L’écriture —toute écriture— nécessite cependant que l’auteure sacrifie certains éléments du projet initial, qu’elle apprenne de son livre à ne pas transgresser le possible et le «faisable» (p. 95). L’écriture ne tolère pas la complaisance et exige de l’écrivain qu’il scrute sans relâche son propre travail et accepte de perdre ce qui n’est pas bon. Et c’est la somme de tout cela qui fait dire à Annie Dillard : «[a]ssembler un livre est intéressant et enthousiasmant. C’est suffisamment difficile et compliqué pour requérir toute [notre] intelligence» (p. 21). Enfin, quelques pages lumineuses sur l’emprise de la ligne des mots, décrite comme un envol, viennent tempérer les mises en garde contre la «fadeur» (p. 60) de la vie d’écrivain. Car «[p]ourquoi lisons-nous sinon dans l’espoir d’une beauté mise à nu, d’une vie plus dense et d’un coup de sonde dans son mystère le plus profond ?» (p. 95)