Journal pour mémoire

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TitreJournal pour mémoire
Type de publicationLivre
Année de publication1993
Auteur·e·sFrance Théoret
CollectionItinéraires
Nombre de pages240
ÉditeurL'Hexagone
VilleMontréal
Résumé

Résumé descriptif:

Élaboré dans un «contexte d’observations et de pensées» (p. 7), Journal pour mémoire de France Théoret n’est pas un journal intime au sens exclusif, mais un journal littéraire qui répond à la nécessité «d’établir un dialogue avec soi-même» (p. 113) tout en s’adressant à un lecteur potentiel. Divisé en trois parties, ce livre témoigne de la continuité d’une pensée basée sur l’expérience individuelle. La première partie, «Être livrée à soi-même», amorce une réflexion sur l’écriture. La seconde, «La quête des connaissances», se veut un récit autobiographique sur la nécessité de s’intégrer au monde par la connaissance. Alors que la troisième partie, «Liens pluriels», conclut sur le désir de lire en regard d’un «sentiment d’incomplétude» (p. 236). En tant que «projet d’écriture» (p. 8), Journal pour mémoire réfléchit sur la société et les idées qui circulent en suivant le parcours et l’éducation de l’auteure.
 
Ainsi, c’est à travers une série de «petits récits» (p. 7) des événements du passé et du présent que France Théoret questionne la nature de ses rapports à la religion, à la famille et à la société québécoise entre les années 1942 et 1991. Elle y explore les fondements de sa démarche créatrice et de son désir de connaissance en regard de l’autorité paternelle, religieuse et sociale, mais également en regard d’une certaine culpabilité qui évacuait le pouvoir d’imaginer une situation et d’y réfléchir, qui lui «enlevait une partie de la liberté recherchée» (p. 119). Véritable quête de connaissance et de langage, la réflexion de France Théoret porte sur ce qui, «à partir d’une conscience du moi, s’oriente vers le monde» (p. 17) et s’articule à partir de sa subjectivité.

Résumé interprétatif:

Né de la nécessité de recréer la distance entre l’œuvre littéraire et soi-même, Journal pour mémoire se veut avant tout, pour France Théoret, une manière «d’éclairer [son] approche de la connaissance» (p. 7). Une manière également de répondre à une nécessité «d’ordonner le langage» (p. 7) et à «une exigence de signification» (p. 7) qui relève moins du journal intime que du journal littéraire dans la mesure où la raison doit s’exercer pour donner corps à une réflexion qui affirme l’essence d’une expérience humaine. Quête de langage à travers celle des connaissances, la réflexion de France Théoret «tente [de] témoigner de l’époque : comment on pense, on parle, on agit en regard de la pensée et de la parole, comment on existe» (p. 56) par soi-même et en société. C’est dire que Journal pour mémoire rend davantage compte du sujet de l’écriture qui s’écrit au féminin, que de l’écriture en tant que telle.
 
Les préoccupations et réflexions de France Théoret interrogent sans cesse le contexte social, familial et religieux et tentent avant tout de rendre compte de l’origine de la parole et de la pensée. Origine qui établit un rapport étroit entre le sujet et l’écriture et qui s’exprime par un désir de connaissance. D’abord parce que la connaissance porte en elle l’idée d’une certaine forme de «totalité» (p. 166) qui viendrait rétablir la «vie fragmentée, morcelée» (p. 110) de l’auteure, apaiser le sentiment d’incomplétude qui l’habite. Ensuite parce qu’elle permet de comprendre le monde et d’ordonner l’univers, parce qu’elle accorde, par les mots, «le pouvoir de réfléchir la situation» (p. 189), de «vaincre la désolation, l’infernal ressassement» (p. 225) qui caractérise le sujet divisé. C’est donc à travers cette quête de connaissance, à la fois sociale et personnelle, qu’un discours sur l’écriture prend forme, naît à partir de l’itinéraire et du cheminement de l’auteure.
 
En ce sens, le désir de connaissance participe, pour France Théoret, d’une certaine prise de conscience de soi-même et mène à une forme de pensée intellectuelle dont l’autorité paternelle, religieuse et sociale l’avait privée. Faisant d’elle une «victime coupable» (p. 193) à l’image d’Antigone, victime en ce qu’elle formule un désir que personne ne veut reconnaître, coupable en ce qu’elle enfreint l’interdit social pour le réaliser ; la pensée intellectuelle ne pouvait donc se concevoir autrement qu’en regard d’une certaine forme de culpabilité. Plus qu’un thème ou une préoccupation majeure, la culpabilité fut pour France Théoret une manière d’être à l’écriture, une façon «d’être-au-monde» (p. 82) qu’elle a longtemps considérée comme de la folie dans la mesure où elle-même se percevait comme un sujet divisé. C’est que la culpabilité, liée «au manque de langage» (p. 120), isole et distrait, appréhende la réalité «de manière tordue, tendancieuse, marquée par le filtre des émotions et des sentiments» (p. 61).
 
Aussi, c’est en refusant les attitudes velléitaires, préférant l’agir au mépris de l’action, que France Théoret se dégage de l’aliénation issue de la culpabilité. Car si le désir de connaissance, également désir de liberté, l’a marginalisée et isolée du monde, elle n’en demeure pas moins «amoureuse de l’exception» (p. 156) et de toute solitude nécessaire à l’écriture. Enfin, non seulement la pensée intellectuelle lui a-t-elle «donné la certitude d’exister, la compréhension immédiate d’un commencement» (p. 114), mais elle l’a également aidée à extérioriser un regard d’elle-même.
 

Source : Interligne - UQÀM (http://www.interligne.uqam.ca/pages/liste_biblio.asp)