L'Écriture du désastre

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TitreL'Écriture du désastre
Type de publicationLivre
Année de publication1980
Auteur·e·sMaurice Blanchot
Nombre de pages224
ÉditeurGallimard
VilleParis
ISBN9782070222483
Résumé

Résumé descriptif:

Élaboré sous forme de fragments, L’écriture du désastre donne à lire une réflexion qui, non seulement éprouve le fragment à travers l’acte même d’écrire, mais rend également compte des théories du fragmentaire. Aussi, c’est en réaction à toutes ces formes d’écriture qui ne laissent aucune place à l’inachevé que «le fragment, en tant que fragments, tend à dissoudre la totalité qu’il suppose et qu’il emporte vers la dissolution d’où il ne se forme pas» (p. 99). C’est dire que le fragment relève, pour Blanchot, d’une éthique de la séparation qu’il nomme désastre, dans la mesure où le fragment et le désastre participent du discontinu. Tout en mettant l’accent sur la ressemblance entre les mots astre et désastre, Blanchot conçoit le désastre comme quelque chose qui serait en «rupture avec l’astre, rupture avec toute forme de totalité, sans cependant dénier la nécessité dialectique d’un accomplissement» (p. 121). 
 
C’est donc à travers une vision de l’écriture qui s’interroge sur sa propre nécessité que Maurice Blanchot questionne le désastre principalement en regard de la passivité, de l’altérité, de la mort, de l’oubli et de l’écriture, mais également en regard de thèmes parallèles tels le suicide, le silence, la solitude et l’immémorial. Autant de préoccupations qui rendent compte d’un rapport au monde ou à soi-même, rapport établi sur des propositions contradictoires et retirant au sujet tous ses points de repères. Ainsi, quand la question, comme la réponse, «devient absence de question» (p. 54), il ne reste plus que le dialogue pour rétablir l’unité de la parole et de la pensée. De sorte que c’est par l’intervention de philosophes comme Heidegger, Hegel, Lévinas et Platon, de psychanalystes comme Freud, Pontalis et Leclaire, d’écrivains et de poètes tels Kafka, Bataille, Hölderlin, Baudelaire, Valéry et Mallarmé que Blanchot tente de définir l’essence de l’expérience humaine.
 
Résumé interprétatif:
 
Véritable mise à l’épreuve du fragment par le fragment, L’écriture du désastre de Maurice Blanchot donne non seulement à entendre un langage qui se veut «celui de l’éclatement, de la dispersion infinie» (p. 36), mais rend également compte d’une réflexion qui relève d’une éthique du discontinu. Plus encore, l’exigence du fragmentaire préfigure l’inachèvement et s’oppose du même coup à toute forme de totalité dont le fragment ne serait qu’une partie. La mise en œuvre de la contradiction et de la répétition, congédiant le «Système» (p. 100), fait valoir un type d’écriture où la circularité l’emporte sur la linéarité. Mais c’est avant tout dans la mesure où ils demeurent sans cesse inaccomplis, inachevés, que les fragments questionnent l’Unité de l’être dans ses rapports au monde et à l’écriture, qu’ils participent de ce que Blanchot nomme le désastre. 
 
Ainsi, c’est en permettant une forme de dérive, à partir de ce qu’ils ont d’incomplet et d’insuffisant, que les fragments mettent en jeu leur propre nécessité à participer du désastre. Dérive qui donne à lire en quoi «le désastre force le fragmentaire» (p. 36) et qui rend compte, à travers la vision du monde et de l’écriture de Blanchot, de ce qui constitue l’essence même du désastre : la passivité, l’Autre, la mort, l’oubli et l’écriture. Autant de préoccupations qui rendent compte de «la rupture silencieuse du fragmentaire» (p. 30), qui marquent le rapport du sujet au monde et à soi-même : soumis à la passivité, il se dessaisit, perd son emprise sur le réel, ramené, par le glissement du Même vers l’Autre, à se percevoir comme «un moi sans moi» (p. 37), inscrit dans l’ultime et l’illimité à travers la mort et l’oubli. Alors le rapport du sujet à l’écriture se modifie : «Quand écrire, ne pas écrire, c’est sans importance, alors l’écriture change —qu’elle ait lieu ou non ; c’est l’écriture du désastre.» (p. 25)
 
De fait, c’est parce que l’écriture du fragment tente de faire «échec à l’Un» (p. 212) sans ruiner l’unité, parce qu’elle use d’un langage toujours en retard sur lui-même, comme s’il était à «contretemps» (p. 27) de toute parole et de tout discours, qu’elle est cette part du désastre «où sombre, sauve et intacte, toute réalité» (p. 65). Écrire consiste donc à vivre «sous la surveillance du désastre : exposé à la passivité sans passion» (p. 12), à une forme d’exigence qui écarte le sujet de l’unité tout en l’y ramenant. En ce sens, le rapport entre écriture et passivité réside dans le fait que «l’une et l’autre supposent l’effacement, l’exténuation du sujet : supposent un changement de temps» (p. 29), une sorte de «veille» où l’être serait, pour un temps, réconcilié avec lui-même. 
 
Exposée «à ce qui se dérobe dans une fuite immobile, à l’écart du vivant et du mourant ; hors expérience, hors phénomène» (p. 92), l’écriture du désastre désigne ce qui est là comme ce qui n’a jamais eu lieu, renvoie à un temps qui n’en est pas un, présence et absence de soi-même comme la marque d’une proximité à travers l’infini de la rupture. De là, la possibilité même du désastre à travers son impossibilité : «Il y a désastre parce que le désastre incessamment se manque» (p. 70). Manière d’écrire l’indicible, de dire l’illimité. Le langage du désastre est en cela arrachement à ce qui abrite : il faut, allègue Blanchot, «s’en détourner, se désabriter» (p. 149), s’en méfier tout en s’y confiant sans réserve. «Quand tout est dit, ce qui reste est le désastre, ruine de parole, défaillance par l’écriture, rumeur qui murmure : ce qui reste sans reste (le fragmentaire).» (p. 58)

Source : Interligne - UQÀM (http://www.interligne.uqam.ca/pages/liste_biblio.asp)