L'art du roman

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TitreL'art du roman
Type de publicationLivre
Année de publication1982
Auteur·e·sVirginia Woolf
Nombre de pages203
ÉditeurSeuil
VilleParis
Résumé

Résumé descriptif:

D’abord publiés sous forme d’articles par la Hogarth Press de Londres (maison d’édition fondée par Virginia et Leonard Woolf), les dix essais qui composent L’art du roman constituent la totalité de l’œuvre critique qui a jalonné le parcours littéraire de Virginia Woolf et s’interrogent tous, en quelque sorte, sur l’avenir du roman moderne. Aussi, pour caractériser ce roman moderne —«d’une extrême sincérité»— (p. 16), Woolf procède par comparaison entre des ouvrages littéraires d’auteurs contemporains, tels que Joyce et Keats, et d’autres des cent dernières années tels que Fielding et Jane Austen, sans omettre Shakespeare. En cela, Virginia Woolf privilégie les écrivains qui, à l’instar des Russes, ont le courage de s’avancer «dans les régions obscures de la psychologie» (p. 18), de laisser intervenir dans le roman la complexité de l’âme, bref de ceux qui font de celle-ci «le personnage principal du roman» (p. 26). 
 
Ce faisant, Virginia Woolf constate non seulement que la notion de «roman» est bien fragile, mais qu’il est également périlleux de vouloir la définir trop précisément. Selon elle, le roman moderne se distingue de l’ancien par l’expression d’une forme différente et d’une complexité plus grande qui, peut-être, relève d’une façon nouvelle de voir. En outre, le roman moderne assumera dans l’avenir «certaine fonction de la poésie» (p. 75) et, sans pour autant devenir un long poème en prose, il donnera à lire «les rapports de l’homme avec la nature, avec la destinée, ses images, ses rêves» (p. 75). C’est dire que le travail de l’écrivain participe d’une vision du monde qui rend compte des rapports entre les grandes puissances de la fiction, qu’il s’agisse de Dieu, de la Nature ou de l’Humain. Enfin, Woolf suggère d’exposer le roman à l’exigence d’une véritable lecture, d’où il ressortirait une forme qui ne craint pas les remises en question, perméable aux effets du temps.
 

Résumé interprétatif:

Dans l’un des essais qui composent L’art du roman, «Mr Bennet et Mrs Brown», Virginia Woolf note que «toutes les relations humaines [bougent] : entre maîtres et serviteurs, entre mari et femme, entre parents et enfants. Et quand les relations humaines changent, il y a en même temps un changement dans la religion, dans la conduite, la politique et la littérature» (p. 45). Aussi, il n’est pas étonnant de remarquer que, pendant que Virginia Woolf écrit son œuvre romanesque —et la dizaine d’essais regroupés dans L’art du roman, écrits entre 1919 et 1941—, la définition même du roman tend à changer, à se modifier, à explorer d’autres manières de dire et à adopter des formes d’expressions nouvelles. De plus, la dimension sociopolitique de l’entre-deux guerres occupe une place centrale dans ces essais où Woolf réfléchit à la place de la femme dans la littérature et à l’incidence de l’ordre social sur la production littéraire d’une époque.
 
Mais au-delà de ces préoccupations, les dix essais regroupés ici tentent d’esquisser les différents paramètres du «roman moderne» dans la société anglaise encore marquée par le règne de Victoria. Dénonçant avec ironie et gravité le caractère faux et figé des conventions littéraires, Woolf s’attarde autant à rendre compte de questions aussi pointues que la forme, le réalisme ou la psychologie des personnages qu’à des considérations plus larges, tels l’influence des littératures étrangères et l’engagement dans le processus créateur. En outre, l’auteure ne manque pas en chemin de noter l’absence de véritable critique pour le roman contemporain : «des journalistes littéraires, nous en avons, mais pas de critiques ; un million de policemen compétents et incorruptibles, mais pas un juge» (p. 53-54). 
 
Ainsi, Woolf met en rapport les différentes approches du roman afin de faire ressortir sa propre conception du roman moderne, «mais comme une règle ne vit qu’à condition d’être perpétuellement brisée au contact des livres eux-mêmes […], maintenant enfin, pour nous soutenir dans notre difficile tentative, il peut être bon de nous tourner vers les très rares écrivains capables de nous éclairer sur l’art littéraire» (p. 161). Pour ce faire, elle retient, comme des points de repère, des balises dans la définition de sa conception du roman : Jane Austen, Sterne et Tolstoï. Son point de vue est à la fois marqué par une connaissance large des littératures et par l’humilité d’une écrivaine elle-même en quête d’une forme qui lui permette d’écrire quelque chose «dont on se rappelle quand on est seul» (p. 199).
 
Condensé de sa vision, l’essai intitulé «Les étapes du roman» en cerne les principales exigences : la présence entière au monde et à la vie intérieure des personnages et, surtout, la sincérité et le courage d’interroger constamment la forme et les conventions afin de parvenir à un roman vrai. En même temps, cet essai est «une tentative pour montrer l’esprit au travail devant une étagère pleine de romans, pour le regarder choisir, rejeter et se construire une demeure conforme à ses propres appétits» (p. 92).
 
En somme, la prose moderne, décloisonnant les genres littéraires, s’ouvrirait à la complexité de l’âme humaine et à la mouvance des gens et des choses, en allant vers un roman qui «vous laisse sans le moindre désir de faire quelque chose, sauf, précisément, de le relire et de le mieux comprendre» (p. 52-53).

Source : Interligne - UQÀM (http://www.interligne.uqam.ca/pages/liste_biblio.asp)