L'atelier

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TitreL'atelier
Type de publicationLivre
Année de publication1992
Auteur·e·sClaire Lejeune
CollectionTypo
Nombre de pages185
ÉditeurL'Hexagone
VilleMontréal
Résumé

Résumé descriptif:

L’atelier réunit six textes écrits par Claire Lejeune, poète et philosophe belge autodidacte, à l’occasion d’un atelier qu’elle a animé en 1977 à l’Université du Québec à Montréal. De facture fragmentaire, ces textes nous proposent, à partir d’une expérience intérieure, une réflexion profonde sur la légitimité du sens dans le régime patriarcal. 
 
Rappelant que, dans La république, Platon a exclu le poète de la Cité, l’auteure constate la souveraineté du logos dans la pensée occidentale et ses conséquences sur la conception de la subjectivité, ce dont témoigne le célèbre «Je pense donc je suis» de Descartes. En effet, le cogito cartésien qui instaure une coupure nette entre sujet et objet, entretient la Loi du Père et sa politique d’exclusion. Au nom du principe du tiers exclu, ce qui est différent devient par conséquent assujetti à la tyrannie du Même. 
 
Rejetant cette «raison d’état» (p. 23) apte «à produire et à reproduire des normes dualistes où se garde la sacro-sainte distance entre dominants et dominés» (p. 23), l’auteure se tourne vers l’écriture poétique qui est un «moyen d’accéder à la turbulente connaissance du réel» (p. 29) et sait se faire porteuse de changement, de devenir, d’avenir. 
 
L’expérience poétique trace l’espace mitoyen d’une pensée dialogique, d’une pensée métisse, aux résonances éthiques ; ainsi, «l’expérience poétique délivre son véritable enjeu, autrement dit son projet politique de “changer la vie” (p. 157)». L’esprit de chapelle se voit alors remplacé par un tout autre esprit : celui d’atelier.

Résumé interprétatif:

C’est lors d’une crise intérieure que, face à l’absurde, Claire Lejeune a remis en cause le cogito cartésien, comme elle l’expose dans L’atelier. En effet, l’état de crise abolit la coupure entre sujet et objet. Le sujet intériorise l’objet comme l’objet intériorise le sujet : de binaire qu’elle était, l’interaction devient quaternaire. La peur de l’étrangeté disparaît et l’on découvre le domaine du tiers exclu, qui est aussi celui «de la question du sens de l’être» (p. 24). Le sujet peut être pensé par son objet : déstabilisé, il devient lui-même objet, alors que l’objet devient un nouveau sujet pensant, qui commence alors à générer du sens.
 
Lorsqu’un individu remet en question le sens, il est écartelé «entre la gauche et la droite, le haut et le bas» (p. 25). Il ressent en lui «cette faille cruciforme où se figure subjectivement la relativité de l’espace et du temps, figure élémentaire d’où naîtra l’interrogation religieuse (religare)» (p. 25). Il se retrouve devant une énigme qu’il doit résoudre : la quadrature du cercle, «inhérente à la pensée magique que précisément la raison évacue pour fonder la géométrie» (p. 25). Il doit alors remplacer la logique de la raison par un état permanent de crise, sortir du sommeil d’Hypnos pour s’ouvrir à Hermès, dieu de l’éveil, et rencontrer Eros, tout en sachant qu’Hypnos et Hermès ne vont pas l’un sans l’autre, de la même façon qu’Eros et Thanathos : la conscience doit constamment maintenir une «double tension verticale et horizontale» (p. 25). 
 
Cette remise en cause de la pensée dialectique fait que les contraires peuvent cohabiter sans être perçus de façon contradictoire. En ce sens, elle appelle le poétique, fondé sur la pensée analogique, qui «donne à voir la ressemblance des différents» (p. 63) et provoque «une énergie vitale [...] où la poésie devient philosophie de la création» (p. 65). Il s’agit d’un trajet initiatique et le sujet se voit confronté à une mémoire génétique, «cône matriciel de toute relation de l’espace et du temps» (p. 171), mémoire de l’oubli, mémoire immémoriale qui ouvre à «la vérité interdite au Nom du Père» (p. 29) et au terme de laquelle il reprend «le contact immédiat avec la Vie, notre mère à tous» (p. 29). De cela témoignent tout particulièrement les textes des femmes, porteurs d’un changement de mentalité et générant la possibilité d’une «philosophie transmissible de l’écriture comme lieu de gestation de soi, une théorie partageable de la libération du verbe» (p. 60).
 
Animé par l’amour de soi et de l’autre, par le besoin de co-naissance, le poète sera ainsi amené à déconstruire l’imaginaire patriarcal pour créer une fratrie : «Cet infini respect mutuel inventera ses formes esthétiques, éthiques, politiques, économiques par la pratique du dialogue permanent.» (p. 129) Solitaire et solidaire, il travaillera en effet à ce que l’univers du poétique finisse par informer l’univers du politique.