Les feux. Essais, poèmes, nouvelles

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TitreLes feux. Essais, poèmes, nouvelles
Type de publicationLivre
Année de publication1991
Auteur·e·sRaymond Carver
Nombre de pages288
ÉditeurÉditions de l'Olivier
VilleParis
Résumé

Résumé descriptif:

Composés d’essais, de poèmes, de nouvelles et d’une interview, Les feux de Raymond Carver témoignent non seulement du parcours de l’écrivain et de l’homme, mais également de sa pratique d’écriture à travers différents genres littéraires. Aussi, ce recueil qui rassemble plusieurs textes écrits sur une période de dix-sept ans, colligé par Carver lui-même vers la fin de sa vie, tente de faire une synthèse de la carrière littéraire de l’auteur. Le résultat permet en quelque sorte, par l’hétérogénéité même des textes, une rencontre avec l’homme par le biais de l’écriture et une sorte de proximité avec l’écrivain. 
 
Ainsi, Carver explique d’entrée de jeu comment son mode de vie, voué à l’instabilité, à la précarité et à l’absence de facilités matérielles, l’a contraint aux formes brèves. D’où, peut-être, l’acharnement passionné qu’il met à pratiquer de nombreuses réécritures dont Les feux rendent compte à travers la question de la persévérance. Par ailleurs, en côtoyant les «laissés-pour-compte» qu’il met en scène dans ses écrits et en subsistant lui-même avec de maigres ressources financières, Carver représente à sa manière, à travers son œuvre, l’échec du rêve américain. Il déclare en outre, dans ses essais, avoir donné le maximum de rigueur à l’expression de sa vision du monde, axée sur la réalité ordinaire.
 
C’est dire enfin que l’écrivain, pour Carver, doit donner à sa vision du monde, celle qui se dégage de sa vie et de ses écrits, une forme «artistique», dont l’élément principal est la précision du langage. Précision qu’il retrouve dans cette phrase de Tchekhov qui a profondément marqué son rapport à l’écriture et qu’il avait fait sienne : «et en un éclair il comprit tout». (p. 29)
 
Résumé interprétatif:
 
Dans Les feux, Raymond Carver donne à lire une série d’essais, de nouvelles, de poèmes, et même un entretien, qui interroge tout à la fois l’écriture et le propre parcours de l’écrivain à travers ses choix, son mode de vie et son rapport à la réalité. Aussi l’auteur poursuit-il à rebours une réflexion à caractère autobiographique qui porte un regard sur son existence et le sens de l’écriture dans sa vie. Préfigurant en quelque sorte l’existence du fils à travers celle du père, l’essai intitulé «Vie de mon père», même s’il ne traite pas spécifiquement d’écriture, met en place les différents éléments qui influenceront la vie et l’œuvre de Carver. Or, c’est dans un autre essai, intitulé «Les feux», que l’auteur s’attarde à définir ces différents éléments qui l’ont confiné, de son propre aveu, à des formes brèves, tels le poème et la nouvelle : les emplois précaires, les maigres ressources financières, la fréquence des déménagements et la lourdeur de la vie de famille. 
 
En ce sens, c’est dans la nouvelle que Carver dit donner «le plus de force à sa vision fugace» (p. 36) de la réalité. Car, plus que toute autre contrainte, son écriture aura été marquée par le manque de temps et par l’absence de sécurité matérielle. Ce qui, peu à peu, a mené Carver au découragement et a progressivement réduit en miettes tout ce qu’il tenait «pour sacré, ou simplement digne de respect» (p. 47), comme ses valeurs spirituelles. Déconvenues qui ont donné le ton à son œuvre, où «le labeur acharné et les rêves ne suffisent pas» (p. 47). 
 
De plus, c’est dans «L’interview de la Paris Review» que l’auteur se livre pleinement. Il y aborde entre autres des sujets plus personnels tels l’alcoolisme, qui l’a souvent inspiré, et la célébrité tardive, qui lui a permis de se consacrer exclusivement à l’écriture, au fur et à mesure que ses conditions de vie s’amélioraient. Les remarques les plus intéressantes de l’entretien sont sans doute celles qu’il fait sur «l’art comme forme supérieure de divertissement» (p. 261), dans la mesure où l’art lui a longtemps donné le sentiment que sa vie allait changer. Mais, avoue-t-il, quelle ne fut pas sa déception quand il comprit que l’art ne changeait pas la vie, qu’il «restait sans prise sur la réalité» (p. 261).
 
Dans l’essai intitulé «De l’écriture», Carver précise les enjeux de sa pratique scripturale et s’attarde à définir une esthétique de la justesse, ou du juste mot, sans quoi, prévient-il, «les yeux du lecteur glisseront dessus [les mots] [et] resteront sans effet» (p. 33). En cela, écrire pour Carver revient à posséder une «façon spéciale de voir les choses» (p. 29) et à être capable de donner «une forme artistique à cette manière de voir» (p. 29). Il ajoute aussi que ce n’est pas une question de talent, mais de persévérance : «le talent est autre chose, le talent ça court les rues» (p. 29). 
 
Enfin, si Raymond Carver se considère l’héritier direct d’écrivains comme Hemingway et Durrell, c’est à celui qui fut son professeur au collège de Chico en Californie, en 1958, à qui il rend le plus grand hommage. Ainsi, dans l’essai «Un maître écrivain : John Gardner», il redit la «dette immense» (p. 68) qu’il a envers l’homme qui l’a vraiment initié au «métier d’écrire, et à la morale de l’écriture» (p. 66). Il reprend pour le lecteur les grandes leçons qu’il a retenues de son maître : le besoin d’être encouragé, mais aussi l’importance d’avoir conscience de ses limites. En cela, la vie et l’œuvre de Carver illustrent bien ce trajet du nécessaire au possible, surtout lorsqu’il affirme qu’il a écrit ce qu’il a pu, que tous les écrivains écrivent ce qu’ils peuvent.