Lettres à un jeune poète

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TitreLettres à un jeune poète
Type de publicationLivre
Année de publication1993
Auteur·e·sRainer Maria Rilke
CollectionPoésie
Nombre de pages178
ÉditeurGallimard
VilleParis
Résumé

Résumé decriptif:

Lettres à un jeune poète est composé de dix lettres écrites par Rainer Maria Rilke à Franz Kappus, jeune élève officier, entre 1903 et 1908. Le maître propose à son épistolier, plutôt qu'un commentaire critique de ses vers (ce que la première lettre du jeune homme avait pour but de solliciter), une réflexion sur le sens de la poésie et ses conditions de création. Cette réflexion, où Rilke donne en partage une conception exigeante de la poésie et de ses ressorts ultimes, porte principalement sur la solitude, l'amour et la patience que requiert l'acte d'écrire. 
 
«[R]épondez franchement à la question de savoir si vous seriez condamné à mourir au cas où vous serait refusé l’acte d’écrire» (p. 27), demande Rilke, qui défend la nécessité intime de la poésie authentique. Le poète peut s'y rendre sensible en choisissant la solitude, conçue à la fois comme posture forçant l'individu à tourner son regard vers l'intérieur et comme instrument au moyen duquel il parvient à «convoquer les richesses» (p. 29) de sa vie quotidienne. Le poète doit choisir la solitude même si elle apporte tristesse et souffrance, car elle est difficile et «nous dev[ons] absolument nous en tenir à ce qui est difficile» (p. 87). Ainsi l’art engage-t-il aux exigences d’«une manière de vivre» (p. 127) : la poésie se fait vérité de vie.
Deux textes de Rilke accompagnent les lettres : «Le poète», poème en prose où Rilke évoque le destin et le rôle du poète, et «Le jeune poète» où celui-ci est dépeint comme un être fondamentalement solitaire dont le territoire se situe à la frontière des mondes intérieur et extérieur.
 

Résumé interprétatif: 

Ces Lettres à un jeune poète proposent une réflexion fondamentale sur le processus créateur et les conditions de la création poétique. Rilke y invite le poète à se tourner vers l'intérieur, à choisir une posture qui consiste à refuser de se tenir en surface de l'être. Cette réflexion vise à mettre en garde le poète contre ce qui menace de l’aspirer à l’extérieur de lui-même (le désir de reconnaissance, les goûts de la critique littéraire, etc.) et de nuire à sa démarche.
 
Le mouvement par lequel le poète se tourne vers l'intérieur lui fait également choisir la solitude. Considérée comme posture d'ouverture plutôt que retrait social, celle-ci permet d'éviter que le contact du poète avec la profondeur du monde ne soit rompu. Elle le met en position de silence et de disponibilité et lui permet «de reconnaître ce qui prov[ien]t de [lui]» (p. 105).
 
Le poète plonge dans les profondeurs de son être et du monde, il se rend sensible à ce qu'il porte en lui et accepte avec confiance d'être transformé au contact de l'inconnu. Il cultive aussi la patience : «Tout est d'abord mené à terme, puis mis au monde. [...] [A]ttendre en toute humilité et patience l'heure où l'on accouchera d'une clarté neuve : c'est cela seulement qui est vivre en artiste, dans l'intelligence des choses comme dans la création» (p. 45). 
 
Rilke demande au poète de descendre aux sources de la création ; l'enfance, les souvenirs, les sensations, la nature et la vie quotidienne lui seront une richesse inépuisable. Il poursuivra l'amour comme le «travail intime» (p. 99) par lequel «deux solitudes se protègent, se bornent et se rendent hommage» (p. 97), tandis qu'il vivra la sexualité, avec gravité, comme le lieu d'un secret : celui «dont la terre est pleine» (p. 59).
 
Dans ce mouvement, qui est à la fois celui de la création et de la vie même, le poète rencontre la peur et le doute. Ce ne sont pas ceux du monde, mais les siens propres, et il ne doit pas les refuser : «C'est au fond le seul courage qu'on exige de nous ; être courageux face à ce que nous pouvons rencontrer de plus insolite, de plus merveilleux, de plus inexplicable» (p. 109). Nous mettant en état de réceptivité à l’Amour et à l’Autre, cette perte de repères signale qu'une transformation est à l'œuvre, au terme de laquelle l'inconnu aura été intégré et deviendra quelque chose de précieux. C'est la confiance en ce dénouement qui doit habiter le poète.

Source : Interligne - UQÀM (http://www.interligne.uqam.ca/pages/liste_biblio.asp)