Marcher à l’écriture. Leçons de Francfort

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TitreMarcher à l’écriture. Leçons de Francfort
Type de publicationLivre
Année de publication1991
Auteur·e·sPaul Nizon
CollectionLettres allemandes
Nombre de pages178
ÉditeurActes sud
VilleArles
Résumé

Résumé descriptif:

Divisé en cinq chapitres, Marcher à l’écriture regroupe les textes des conférences que Paul Nizon a données en 1984, alors qu’il était invité par l’Université de Francfort à enseigner, pendant un an, la poétique. Ce fut pour lui «l’occasion de réfléchir à [s]on expérience d’écriture et de la filtrer, non pas pour en donner [...] une définition concluante, mais pour dresser un bilan provisoire» (p. 11). Au centre de ses réflexions se retrouve ainsi le thème de «l’interaction entre la vie et l’écriture, l’écriture et la vie» (p. 11), thème qui rejoint non seulement le titre de l’ouvrage, comme il le souligne, mais qui semble également organiser toute la réflexion de Nizon autour de la notion de marche. Présentés comme autant de phases du processus créateur, les cinq chapitres tracent le parcours de l’auteur, qui va des sources et des lectures marquantes à l’énonciation d’une poétique, en passant par «l’incubation» (p. 103) de l’œuvre et l’écriture proprement dire.
 
Ce que nous présente Paul Nizon, dans cet ouvrage, c’est en quelque sorte son travail d’atelier, élaborant du même coup la genèse de son propre parcours romanesque jusqu’à L’Année de l’amour (1985), aboutissement de plus de dix années d’écriture qui n’auraient constitué qu’un travail préliminaire. C’est dire que les œuvres précédentes de Nizon, qu’il s’agisse de Stolz, de Chien, de Canto ou d’Immersion, préfigurent L’année de l’amour et portent en elles ce mouvement qu’est la marche de l’écriture. En ce sens, l’auteur précise qu’à travers les livres, c’est sa vie qu’il écrit, qu’il se «l’écri[t] de livre en livre» (p. 174) Bref, Marcher à l’écriture trace les grandes lignes d’une poétique dont l’exigence et le but seraient pour l’écrivain de parvenir à construire sa réalité par une fiction et, avec des mots, «de conférer de la vie à son propre rêve. Le souffle de la vie» (p. 178).
 
Résumé interprétatif:
 
Parce que l’écriture est pour Paul Nizon un moyen de se connaître et de comprendre le monde, d’avoir accès à ses zones obscures, il n’hésite pas à intégrer à ses Leçons de Francfort diverses formes d’écriture. Ainsi, l’auteur réfléchit, à travers des écrits anciens et nouveaux, des passages de roman, des nouvelles publiées antérieurement, des extraits de son carnet et même une demande de bourse et quelques photographies, à la nécessité et à l’exigence de l’écriture dans le développement de sa pensée et l’élaboration de son œuvre. Nizon dégage de cette réflexion ce qui constitue en fait la visée des leçons de Francfort ; les différentes phases de son travail créateur lui donnent la possibilité d’exposer sa vision de l’art et de l’écriture et, en quelque sorte, son «art poétique». 
 
La première phase consiste donc à prendre des notes, à «[s]e dégourdir la plume» (p. 99). C’est ce qu’il nomme l’«écriture d’échauffement» (p. 101) ou l’écriture «à l’aveuglette» (p. 119). Cette pratique rejoint celle de Robert Walser, l’une des deux figures marquantes pour le jeune Nizon, l’autre étant Van Gogh, qui soutenait qu’il est possible d’écrire «même sans idées ni contenus, sans message, voire sans thématique notable» (p. 16). Après l’accumulation des notes, la deuxième phase s’amorce. Il s’agit de la période d’incubation durant laquelle la matière se raffine et où le livre commence à émerger, à prendre forme. Passant du plan à la méthode, Paul Nizon définit alors l’écriture comme la «métamorphose en un organisme langagier autonome» (p. 146), du matériau que l’auteur «[a] en mémoire» (p. 131) jusqu’à ce qu’il trouve sa forme. Tout le travail semble ainsi déterminer la distance que doit prendre l’écrivain pour écrire, la posture qui lui permettrait de créer le «sentiment de la vie condensé dans une langue musicale» (p. 149-150).
 
Par ailleurs, la question des lieux est centrale dans la pratique de Nizon. En effet, son arrivée à Paris, ville mythique et stimulante, marque un tournant dans son existence. L’écrivain y occupe une «chambre-alvéole» (p. 137), un espace de travail, «cellule d’un processus de création» (p. 107). Or, la solitude de la chambre pourrait l’amener à se couper de la vie, mais chez Nizon, l’écriture et la vie interagissent, la vie influençant les livres autant que les livres influencent la vie. Incompatibles au départ, vie et art finissent par se rejoindre pour créer une «troisième dimension» (p. 49) permettant de mieux comprendre l’une et l’autre. 
 
En somme, Paul Nizon effectue, dans cet ouvrage, un véritable travail de génétique sur ses propres textes afin de comprendre comment ils se sont «décidés» d’eux-mêmes pour aboutir lentement à L’Année de l’amour. L’enjeu de sa réflexion —réflexion qui suit d’ailleurs un parcours évolutif, une marche à l’écriture— est de comprendre comment le matériau autobiographique devient fiction. Comment «[u]n matériel de confession, autobiographique à tout point de vue, traversé de passages compliqués et réflexifs, [peut] opérer cette métamorphose, de sorte à se détacher d’un fond “sanglant” et, en tant que pure invention ou création, accéder à une seconde vie» (p. 145) ? Nizon soutient enfin —et il n’est pas le seul— que le moi serait le thème unique de l’écrivain et de l’écriture. Malgré le caractère autobiographique de ses livres, il précise que son travail relève de la fiction et non du journal ou de l’autobiographie, mais le terme approprié serait peut-être autofiction puisque, après tout, Nizon se qualifie lui-même de «fictionnaire autobiographique» (p. 173).

 

Source : Interligne - UQÀM (http://www.interligne.uqam.ca/pages/liste_biblio.asp)