@book {392, title = {Au fond du jardin. Accompagnements}, year = {1996}, pages = {140}, publisher = {{\'E}ditions du Noro{\^\i}t}, organization = {{\'E}ditions du Noro{\^\i}t}, edition = {Chemins de traverse}, address = {Montr{\'e}al}, abstract = {

R{\'e}sum{\'e} descriptif:

Ressemblant {\`a} une \«longue missive envoy{\'e}e du plus loin aux amis inconnus\» (p. 27), Au fond du jardin regroupe une cinquantaine de courts textes inspir{\'e}s et travers{\'e}s par des \«voix lointaines\» (quatri{\`e}me de couverture), celles d\’auteurs que Brault donne {\`a} entendre dans l\’humilit{\'e} et la nudit{\'e} de l\’anonymat : Dickinson, Montaigne, Proust, les s{\oe}urs Bront{\"e}, etc. Ce s{\'e}jour dans l\’univers de po{\`e}tes et de romanciers s\’{\'e}crit et se lit comme une m{\'e}ditation sur la place du sujet dans l\’{\'e}criture, alors que Brault s\’attache {\`a} d{\'e}finir l\’intimisme, {\'e}criture du sensible, du banal et du quotidien, de ce \«rien que le moindre m{\'e}pris briserait\» (p. 48).\ 
Il ne s\’agit pas seulement d\’une recherche stylistique par et dans le texte, mais bien d\’une r{\'e}flexion qui questionne la posture m{\^e}me de l\’{\'e}crivain. D{\'e}possession et effacement de soi apparaissent ici comme les conditions essentielles d\’une {\'e}criture ouverte {\`a} l\’autre : \«Il n\’y a plus de place pour les effets de style, justement. On s\’efface. On perd ses traces\» (p. 122).\ 
V{\'e}ritables \«accompagnements\» par la proximit{\'e} de leur ton et le questionnement qu\’elles suscitent, ces lectures explorent le \«territoire de la sensation {\'e}crivante\» (p. 16), invitant {\`a} une \«lecture r{\^e}veuse\» (p. 88), une lecture-{\'e}criture qui ne craint pas la lenteur et l\’arr{\^e}t, qui n\’est pas embarrass{\'e}e par un souci d\’efficacit{\'e} et qui r{\'e}siste {\`a} l\’exploitation du je triomphant. \«Ouvrir un livre comme on ouvre une fen{\^e}tre, oui, et se sentir p{\'e}n{\'e}tr{\'e} par les odeurs et les bruits, les froids et les chaleurs d\’un monde nagu{\`e}re tenu {\`a} distance.\» (p. 82)
R{\'e}sum{\'e} interpr{\'e}tatif:
Une {\'e}criture qui s\’{\'e}prouve par et dans l\’{\'e}crit, tel semble l\’enjeu de la r{\'e}flexion de Jacques Brault dans Au fond du jardin, alors qu\’il donne {\`a} lire des \«accompagnements\», portraits d\’auteurs et d\’{\oe}uvres marqu{\'e}s par la sensation du p{\'e}rissable qui pr{\^e}te {\`a} la pens{\'e}e fragilit{\'e}, d{\'e}tresse et tendresse. Tout {\`a} la fois \«acteur et t{\'e}moin de l\’existence quotidienne, [Brault] r{\'e}dige ses chroniques comme des lettres confidentielles\» (p. 19) et par lesquelles il tente de comprendre ce qui, dans le r{\'e}el, ne cesse de se heurter {\`a} l\’exigence et {\`a} la n{\'e}cessit{\'e} de l\’{\'e}criture. Il tisse ainsi, d{\'e}licatement, la trame d\’une po{\'e}tique de la justesse qui reposerait sur la pudeur et l\’effacement. Dans la tension entre vie et mort, pr{\'e}sence et disparition, vivre et {\'e}crire, se construit un sujet qui cherche dans le m{\^e}me mouvement {\`a} se tenir {\`a} distance, {\`a} s\’effacer : \«L\’{\'e}crivain ne s\’adresse {\`a} personne. Il ne soliloque pas. Il ne signe que sa disparition.\» (p. 12)\ 
Au fil du recueil, la r{\'e}flexion de Brault est de plus en plus impr{\'e}gn{\'e}e par la pr{\'e}sence et la proximit{\'e} de la mort : des portraits, on passe au r{\'e}cit de la mort d\’auteurs, tels Virginia Woolf, Emily Bront{\"e} et Samuel Beckett. Le r{\'e}cit que Brault fait de leur agonie ne semble pas rompre avec l\’humilit{\'e} de leur vie qui les tient {\`a} distance de l\’embellissement et, l{\`a} o{\`u} le path{\'e}tique pourrait faire sombrer dans la grandiloquence, intervient chez Brault un l{\'e}ger sarcasme, une fine ironie.
Aussi, non seulement Brault r{\'e}fl{\'e}chit-il {\`a} une esth{\'e}tique de l\’intimisme, mais il propose {\'e}galement une {\'e}thique de la justesse et de la v{\'e}racit{\'e} o{\`u} l\’humilit{\'e} de l\’{\'e}criture, et sa lenteur, participent du \«court vacillement de la vie\» (p. 123). \«Le temps va r{\'e}parer le temps. Peut-{\^e}tre. Tout ce qui compte pour l\’instant, c\’est la justesse, rien d\’autre.\» (p. 12) On n\’{\'e}crit de soi qu\’ainsi, par touches discr{\`e}tes. La justesse, celle de l\’{\'e}criture n{\'e}cessaire, est d{\'e}pouillement, pudeur.\ 
Mouvantes et floues, les balises entre intime et intimisme que tente de d{\'e}finir Jacques Brault s\’inscrivent dans ce qu\’il consid{\`e}re comme la plus grande fragilit{\'e} de cette {\'e}criture du quotidien, du banal et des petites choses. Jusqu\’o{\`u} s\’efface-t-on pour laisser entrer l\’autre dans l\’{\'e}criture ? Qu\’est-ce qui transforme l\’{\'e}criture pour soi en une {\'e}criture de soi ? Pour Brault, la r{\'e}ponse se trouverait peut-{\^e}tre dans la distance, \«car le secret que vous ne partagez pas avec vous-m{\^e}me ne se rejoint que par le d{\'e}tour, la mise {\`a} distance, et d\’abord le d{\'e}crochement de soi\» (p. 67). C\’est surtout dans l\’un des derniers textes, au titre r{\'e}v{\'e}lateur, \«Tout juste\» (p. 122-123), que le lecteur trouvera condens{\'e} l\’essentiel de cette {\'e}thique de l\’intime.

Source : Interligne - UQ{\`A}M (http://www.interligne.uqam.ca/pages/liste_biblio.asp)

}, author = {Jacques Brault} }