@book {420, title = {Du silence}, year = {1997}, pages = {282}, publisher = {M{\'e}taill{\'e}}, organization = {M{\'e}taill{\'e}}, edition = {Travers{\'e}es}, address = {Paris}, abstract = {

R{\'e}sum{\'e} descriptif:

Avec Du silence, David Le Breton propose une enqu{\^e}te sur les origines, les symboles et les conceptions du silence {\`a} travers l\’histoire. Il explore en fait les diff{\'e}rentes valeurs et significations du silence dans les soci{\'e}t{\'e}s modernes, dans certaines tribus ou groupes nomades et dans les spiritualit{\'e}s des diverses cultures {\`a} travers le monde.
Les rapports entre l\’{\^e}tre et le silence sont multiples : du silence de l\’{\'E}veil bouddhique ou de la mystique chr{\'e}tienne jusqu\’{\`a} celui des {\'e}changes quotidiens, le silence est polymorphe. S\’il nous confronte inexorablement {\`a} l\’int{\'e}riorit{\'e}, il n\’est pourtant pas qu\’une asc{\`e}se personnelle. Il agit avec force dans nos relations avec autrui, et en cela il a un sens moral. {\`A} la fois socialement d{\'e}termin{\'e} et culturellement d{\'e}terminant, il s\’accorde {\`a} la nature de nos contacts : volontaire, il est signe de fermeture, d\’indiff{\'e}rence ou de r{\'e}sistance ; forc{\'e}, il marque la tension de l\’oppression ; partag{\'e}, l\’intimit{\'e} de l\’{\'e}change.
\«Mais nulle r{\`e}gle universelle ne r{\'e}git les manifestations de la parole ou du silence\» (p.31). Dans l\’adversit{\'e}, le silence peut {\^e}tre prostration, accablement, et pour l\’h{\'e}sychiaste, pri{\`e}re. Tant{\^o}t il est comme l\’{\'e}cho d\’un {\'e}v{\'e}nement plus grand que lui, tant{\^o}t un {\'e}v{\'e}nement en soi, une exp{\'e}rience, un don. Le silence n\’est pas que vide, n\’est pas que mort, mais un tout gratuit, ouvert, inattendu. Le silence c\’est aussi l\’antith{\`e}se de la soci{\'e}t{\'e} occidentale actuelle. C\’est le sacr{\'e}, comme limite entre l\’humain et l\’impossible, l\’int{\'e}rieur de la gr{\^a}ce, le secret.
R{\'e}sum{\'e} interpr{\'e}tatif:
David Le Breton, anthropologue et professeur {\`a} l\’Universit{\'e} de Strasbourg, s\’est int{\'e}ress{\'e} dans Du silence {\`a} cette pand{\'e}mie contemporaine : l\’impuissance {\`a} exister sans bruit. La principale qualit{\'e} de l\’ouvrage est sa perspective disciplinaire qui recense et compare diff{\'e}rentes conceptions du silence au sein des rapports sociaux et des usages culturels les plus divers.

Avant de dire, il faut d\’abord se taire, laisser {\'e}merger les mots du silence int{\'e}rieur. Dans un entretien, le silence permet effectivement {\`a} la parole de d{\'e}ployer, rythmer et moduler son sens. Toutefois, dans une soci{\'e}t{\'e} o{\`u} la parole est au premier plan, le silencieux se d{\'e}marque ; il trouble, suscite le malaise, brise l\’homog{\'e}n{\'e}it{\'e} du groupe. Ainsi la parole, dans la soci{\'e}t{\'e} occidentale, ne serait pas tant un droit qu\’une exigence.

Mais le silence peut aussi se pr{\'e}senter comme une arme, une oppression, une ali{\'e}nation. La censure en est un bon exemple ou encore l\’encouragement {\`a} la d{\'e}lation qui instaure un climat de m{\'e}fiance dans lequel toute parole devient dangereuse. L\’individu n\’a alors d\’autre choix que de se replier dans le silence, b{\^a}illonn{\'e} {\`a} l\’int{\'e}rieur de lui-m{\^e}me.

Dans d\’autres cas, le silence intervient comme une instance de protection contre une douleur plus grande que soi, comme chez l\’autiste par exemple, qui cultive la distance, {\'e}rige un mur entre lui et ce qui est susceptible de le meurtrir. Dans l\’urgence du dire, du t{\'e}moignage (pour les survivants des camps d\’extermination notamment), il arrive m{\^e}me qu\’on se heurte {\`a} l\’impossibilit{\'e} d\’{\^e}tre entendu : {\'e}trange inversion du silence en vertu de laquelle les mots ne rencontrent que du vide, comme si devant l\’insoutenable ils avaient eux-m{\^e}mes perdu toute cr{\'e}ance. Il faut parler pourtant : se taire serait consentir au non-sens et {\`a} l\’an{\'e}antissement.
Source : Interligne - UQ{\`A}M (http://www.interligne.uqam.ca/pages/liste_biblio.asp)
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