Définitions

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Active context: recherche-creation

Cette section présente un ensemble de définitions ou de citations qui balisent le champ de la recherche-création.

Le mot écrit est faible. Beaucoup de gens lui préfèrent la vie. La vie fait courir le sang dans les veines et elle sent bon. L’écriture n’est que l’écriture, la littérature n’est que... Elle séduit seulement les sens les plus subtils — la vision de l’imagination, l’ouïe de l’imagination — ainsi que le sens moral et l’intellect. Cette écriture que tu crées, qui t’excite tellement, qui te berce et te transporte tant, comme si tu dansais près de l’orchestre, est à peine audible pour autrui. L’oreille du lecteur doit se déshabituer de la vie tonitruante pour saisir les sons subtils et imaginaires du mot écrit. Un lecteur ordinaire prenant un livre n’entend encore rien; il mettra une demi-heure à discerner les modulations de l’écriture, ses aigus et ses graves, ses forte et ses piano.

— Annie Dillard, 1997

Se trouver dans un trou, au fond d’un trou, dans une solitude quasi totale et découvrir que seule l’écriture vous sauvera. Être sans sujet aucun de livre, sans aucune idée de livre c’est se trouver, se retrouver, devant un livre. Une immensité vide. Un livre éventuel. Devant rien. Devant comme une écriture vivante et nue, comme terrible, terrible à surmonter. Je crois que la personne qui écrit est sans idée de livre, qu’elle a les mains vides, la tête vide, et qu’elle ne connaît de cette aventure du livre que l’écriture sèche et nue, sans avenir, sans écho, lointaine, avec ses règles d’or, élémentaires : l’orthographe, le sens.

— Marguerite Duras, 1993

Oui, j'ai dit l'autre jour qu'écrire était ce que je pouvais faire de mieux comme acte politique, eu égard à ma situation de transfuge de classe. Mais je ne voulais pas signifier par là que mes livres remplacent l'engagement, ni même qu'ils sont la forme de mon engagement. Écrire est, selon moi, une activité politique, c'est-à-dire qui peut contribuer au dévoilement et au changement du monde ou au contraire conforter l'ordre social, moral, existant. Ce qui m'a toujours frappée, c'est la persistance, tant parmi les écrivains et les critiques que le public, de cette certitude : la littérature n'a rien à voir avec la politique, elle est activité purement esthétique, mettant en jeu l'univers de l'écrivain, lequel - par quel miracle, quelle grâce ? - échapperait à toute détermination sociale alors que son voisin de palier serait classé dans la classe moyenne ou supérieure.

— Annie Ernaux, 2003

Le romancier, lorsqu’il écrit sous la pression intérieure d’un personnage lui réclamant sa part de mots, sa part de vie, s’aventure à fond dans ce double mouvement d’écriture/lecture aussi opposé que complémentaire, et qui le rend aussi passif qu’inventif. C’est pourquoi il ne peut « bien » lire (entendre, comprendre, interpréter) ce que semble vouloir lui dire le personnage qui le taraude qu’en écrivant : c’est le geste d’écrire, fût-ce à tâtons sur une feuille d’une blancheur à première vue stérile, décourageante, voire écœurante, qui dispense progressivement au romancier (mais à un rythme souvent discontinu) un peu de clarté, des brins de sens, lui ouvre des pistes. Le geste d’écrire est toujours geste de délivrance.

— Sylvie Germain, 2004