Dialogues

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TitreDialogues
Type de publicationLivre
Année de publication1996
Auteur·e·sGilles Deleuze, Claire Parnet
CollectionChamps
Nombre de pages187
ÉditeurFlammarion
VilleParis
Résumé

Résumé descriptif:

Dialogues est un texte à deux voix dans lequel les philosophes Gilles Deleuze et Claire Parnet prennent la parole à tour de rôle. Ils revoient et redéploient dans cet entretien plusieurs thèmes importants des recherches menées par Deleuze et Félix Guattari.
 
Les auteurs s’interrogent d’abord sur la forme même de l’entretien et suggèrent que ce mode d’échange n’est fécond que s’il évite le piège des oppositions binaires pour s’approcher plutôt de ce qu’il y a «entre» les termes, là où se profile le devenir. En cela, écrire suivrait la trace d’un devenir-autre par lequel le langage, tel un bégaiement, une «déterritorialisation des agencements»(p.139), mènerait à un ailleurs de la langue. Il s’agit en quelque sorte de devenir étranger dans sa propre langue, de développer en elle une clandestinité, d’y trouver sa ligne de fuite. Selon Deleuze, l’être se développe et évolue suivant trois types de lignes : la ligne à segmentarité dure (qui provoque des coupures), la ligne moléculaire (qui engendre les devenirs), et la ligne de fuite (ou de gravité, de plus grande pente : la plus complexe, celle dont dérivent les autres).
 
Ainsi l’écriture, conjugaison de plusieurs lignes, sollicite devenirs et affects par lesquels les «évolutions non parallèles»(p.34) des particules sont stimulées, comme dans un champ de forces instables où des vitesses variables (influences, réflexions) et des immobilités (hiatus, silences) s’accordent à l’impulsion d’écrire. Le devenir-écrivain ne désignerait donc pas une finalité ou une vérité dernière, mais plutôt une géographie, une expérimentation énonciative de la sympathie entre les corps.
 
Résumé interprétatif:
 
Dialogues, paru en 1996, se compose de cinq chapitres comprenant chacun deux parties. La structure du livre, par l’alternance indifférenciée entre les voix de Gilles Deleuze et de Claire Parnet, forme un dialogue tenant à la fois de l’exploration et du nomadisme. Ainsi les deux auteurs élaborent l’ouvrage en tenant compte de ce que l’autre a écrit, recherchant une orientation commune, comme dans une conversation. Le livre se développe suivant un mouvement de prospection et de traversée qui ne va plus seulement d’un point à un autre, mais se déploie plutôt entre deux niveaux, au sein d’un conglomérat de possibilités. Au cœur des « agencements collectifs d’énonciation »(p.95), des lignes d’horizon obliques se créent, des diversités s’allient.
 
Écrire ce serait prendre en filature une ligne de fuite dans le langage. L’abondance du vocabulaire, la richesse de la syntaxe ne sont en ce sens que des vecteurs ; la ligne se juge au contraire par sa sobriété, sa précision. Sa force involutive détermine le dentelé et l’ouverture du texte, dont la composition réaménage les particules signifiantes. La signifiance évolue ici en fonction des variables de désir et selon deux modèles précis : le circulaire, servant d’instance organisatrice et le linéaire, constitué de trahisons et de fuites en avant. Plutôt que de définir et d’affirmer, il importe au contraire d’échapper, de rompre l’ordre dominant. Et c’est par la ligne, en tant que différence de potentiel entre les particules et les plans, que s’opère une fêlure dans la structure totalisante. La multiplicité des lignes et des plans rend justement possible ce que les auteurs appellent les «heccéités», des «individualisations dynamiques sans sujet»(p.112) qui transforment le potentiel d’une minorité en agencements, «machines désirantes» (p.107).
 
Or, à l’endroit du désir, le discours psychanalytique impose un code précis. Comme tout discours majoritaire, il neutralise les flux et les connexions du désir et, réduisant autoritairement le champ de son énonciation, le coupe de sa portée véritable. À cet égard, il faudrait plutôt penser l’écriture, au même titre que le désir, comme un «plan de consistance»(p.111), un «bloc de devenir»(p.13), une expérimentation d’agencements moléculaires incorporant le collectif, le vivant, comme une force endogène d’«impersonnation». Vitesse, lenteur, intensité, s’intègrent à leurs rapports en tant que vides nécessaires, intervalles d’arrimage entre les flux. L’écriture, le désir sont donc bel et bien des expérimentations : il s’agit essentiellement de reconnaître en eux une géographie, des mouvances, des courants de déterritorialisation et de reterritorialisation.
 
En somme, les dialogues de Deleuze et Parnet invitent à échapper aux pièges de la «pensée morte», à lier/délier le soi et l’autre au sein des réseaux contrapuntiques de la pensée nomade et du devenir. Le livre se présente comme un plaidoyer pour le désir en tant que pur mouvement, errance positive réfutant toute systématisation, et condition sine qua non du devenir-présent de la création.