Faux traité d'esthétique

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TitreFaux traité d'esthétique
Type de publicationLivre
Année de publication1998
Auteur·e·sBenjamin Fondane
Nombre de pages149
ÉditeurParis-Méditerranée
VilleParis
Résumé

Résumé descriptif:

Benjamin Fondane annonce d’emblée dans son Faux traité d’esthétique que la poésie est en danger. La menace particulière qui pèse sur l’expérience poétique –depuis Platon jusqu’aux surréalistes, en passant surtout par les poètes eux-mêmes qui se seraient laissés contaminer par la rhétorique, par la «logique» surréaliste et par la conceptualisation de la poésie– serait son asservissement à la pensée rationnelle. Or le poète, dit Fondane, doit reprendre son droit à l’ignorance, limiter les dégâts de la raison sociale et de l’utilitarisme pour retrouver enfin la foi en la poésie.
 
Ce rejet des poètes par la société trouve son origine dans la République de Platon, qui refuse de leur attribuer une place parce que la poésie échapperait aux lois de la raison et de la vérité. Fondane reproche aux artistes de se conformer tout bonnement à un système qui pose la vérité rationnelle comme unique valeur morale, plutôt que d’assumer et de défendre contre lui une pensée absurde, magique. Il accuse notamment les surréalistes de causer un tort irréparable à la poésie, en l’assujetissant à la raison tout en faisant mine de la placer au-delà (ou en deçà) de toute raison.
 
Fondane en a enfin contre les poètes eux-mêmes qui ont voulu redonner du prestige à la poésie en la forçant du côté de la philosophie. Or la poésie, au lieu de se soumettre à ce que l’auteur appelle une conscience honteuse, doit «perdre absolument conscience de ce qu’elle est» (p. 142). L’essai de Fondane propose donc une critique rigoureuse et originale de la prétendue autonomisation des arts (de la poésie en particulier), et un rappel de la fondamentale nécessité devant laquelle se retrouvent d’une semblable façon l’homme et l’art : sortir de soi, quitter la rectitude morale et l’unité simple du même, envisager son autre.
 
Résumé interprétatif:
 
Dans Faux traité d’esthétique, Benjamin Fondane cherche à libérer la poésie de la raison, qui selon lui menace l’ensemble des manifestations artistiques contemporaines. Il s’attaque plus particulièrement à la tendance qui fait de l’utile et du rationnel le salut de la société. En abandonnant la pensée mystique au profit de la pensée cartésienne, devenue l’idéologie dominante, l’homme s’est éloigné de sa propre réalité jusqu’à ce que celle-ci lui soit étrangère. Quant à la poésie, prise dans le piège de la structuration des connaissances, elle a commis l’erreur de chercher à se justifier par l’élaboration de principes prétendument éthiques qui l’ont aliénée de sa véritable nature.
 
Fondane relie la première crise de la poésie au romantisme allemand, qui prive la poésie de son contenu et de son mode propre d’appréhension du réel en justifiant a posteriori l’acte poétique par la connaissance intuitive. Fondane reproche ensuite à Valéry d’avoir confondu les activités philosophique et poétique, forçant la poésie dans le goulot de la pensée rationnelle. L’impasse survient enfin avec les surréalistes qui, en développant une raison née de l’irrationnel, ont enfermé la vérité poétique à l’intérieur d’une méthode, sinon d’un dogme.
 
Ainsi, depuis Platon qui refuse «à la poésie le prédicat du réel» (p. 89), jusqu’aux modernes qui évitent «l’être véritable de leur réel» pour se consacrer à «un art qui assure la primauté au non-être» (p. 97), le poète a perdu confiance en la poésie, la déclassant au profit de la connaissance scientifique. Or l’ensemble de nos rapports au vivant étant régi par la raison, l’artiste moderne se trouve soumis à un profond déchirement : «[e]n tant qu’homme, il croit à une réalité naturelle et mécanique qu’en tant qu’artiste il ne peut que repousser de toutes ses forces ; mais il ne parvient pas à croire, en tant qu’homme, à ce qu’en tant qu’artiste il tient pour vrai» (p. 106). Pourtant, souligne Fondane, les vérités poétiques ont survécu alors que nombre de vérités physiques, astronomiques, politiques, économiques et théistes se sont dissoutes. L’avantage du poète tient justement au fait qu’il n’évite pas les contradictions —qui sont dans la nature même de la poésie— contrairement au philosophe qui, selon Fondane, ne peut tolérer les vérités contraires à sa définition ou à son idéal du vrai.
 
La poésie, en l’occurrence, n’est ni un simulacre, ni une substitution, ni une reproduction de la réalité ; elle est un acte de participation au réel. Le sujet ne doit donc pas se contenter d’avoir conscience de son monde, comme le voulait le cogito cartésien, mais en faire l’expérience. C’est là, hors de tout doute, que la poésie trouve sa nécessité : dans le mensonge nécessaire à l’homme pour fuir le réel rugueux à étreindre, car «la vie forte et ascendante n’a droit qu’à l’illusion» (p. 139). Il n’y a que dans cette sortie des faux préceptes d’intelligibilité (le Beau idéal) et d’élévation de l’art (le Bien moral) que la poésie est possible ; la poésie non comme domination mais comme expérience du réel, c’est-à-dire comme «pensée aux prises avec le réel ultime» (p. 140).

Source : Interligne - UQÀM (http://www.interligne.uqam.ca/pages/liste_biblio.asp)