Le péché d’écriture

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TitreLe péché d’écriture
Type de publicationLivre
Année de publication1990
Auteur·e·sClaude Louis-Combet
CollectionEn lisant en écrivant
Nombre de pages130
ÉditeurLibrairie José Corti
VilleParis
Résumé

Résumé descriptif:

Partant d’une réflexion sur l’écriture et la prière en regard de la question des origines, et sur sa propre nécessité, le romancier Claude Louis-Combet donne à lire, dans Le péché d’écriture, une véritable poétique du «renoncement» (p. 35) à travers une vision du monde empreinte de mysticisme. Les cinq textes de cet ouvrage, écrits entre 1981 et 1988, participent d’une même écoute, «de ce tremblement de la main qui perpétue les origines» (p. 9) et qui s’enfante au «seuil de l’absence» (p. 30). En cela, l’écriture se donne à entendre à travers la question de la négativité, elle est le lieu d’une quête où il s’agit de faire retour sur ce qui est enfoui, sur «ce qui s’enfonce et se dissimule, [sur] ce qui hante le dedans» (p. 11). Mais plus encore, l’écriture est, pour Louis-Combet, ce «buissonnement d’affinités qui associent l’enfance au péché et le péché à l’impossibilité de l’expression en même temps qu’à sa nécessité» (p. 92).
 
De là, l’écrivain, que l’auteur ne nomme jamais en tant que tel, préférant des expressions comme le «maître des mots» (p. 72) ou encore «l’homme-au-texte» (p. 102), est condamné à utiliser la formule du comme si pour s’approcher le plus près possible de ce qu’il veut dire. Or, c’est dans le cinquième texte, «Le sens du comme si», qui résume en quelque sorte tout le propos de l’ouvrage, que Louis-Combet explore à travers les thèmes du cri et du silence, de l’absence et de la présence, de la distance et de la proximité, cette tension entre l’impossibilité et la nécessité de dire. Dans ce texte, il affirme : «il y a quelque chose qui ne peut être dit et c’est la seule chose qui soit à dire» (p. 104). En somme, écrire pose la question du destinateur à travers le comme si puisque, pour l’auteur, le péché d’écriture consiste précisément à s’adresser à quelqu’un alors qu’il n’y a personne derrière le texte, sinon l’absence de quelque chose.
 
Résumé interprétatif:
 
Pour Claude Louis-Combet, «dès lors que l’écriture interroge ce qui la fonde, il y a tout lieu de croire qu’elle n’en finira jamais de scruter le point de vacance d’où elle surgit et qui constitue, depuis le commencement, son seul objet et sa seule raison» (p. 53). Ainsi, c’est à travers une vision de l’écriture qui s’éprouve dans et par l’acte même d’écrire qu’il questionne, dans Le péché d’écriture, les origines du texte en regard de paradoxes qui consistent à vouloir parler du silence, à écrire l’absence et, en somme, à vouloir «édifier une œuvre sur ce qui la nie et la dévore» (p. 54). En ce sens, contrairement à la prière qui réconcilie, si l’écriture «se peut, c’est pour souligner la division, la distance, la différence, le désaccord, l’incompatibilité, l’impuissance et la dysharmonie» (p. 34). En quelque sorte, c’est dire que l’écrit «exprime non seulement ce qui n’est plus mais ce qui n’a jamais pu être» (p. 22), échouant sans cesse à dire autre chose que le vide et l’absence.
 
De fait, l’écriture est non seulement, pour Louis-Combet, le lieu de cette impossibilité de dire «qui ne dit rien de plus que l’incapacité de vivre» (p. 107), mais elle est également le lieu de cette nécessité d’expression qui, malgré tout, assure un fondement à l’être humain, au lecteur comme au scripteur. Renvoyant sans cesse à la question des origines «d’où procéderait toute la phrase, en son rythme comme en la suite des mots dont elle est faite comme en la suite des textes où elle s’accomplit» (p. 87), l’écriture s’inscrit au cœur de ce mouvement qui fait sans cesse retour sur lui-même et sur ce qui l’éveille à sa propre sensibilité. Mais surtout, ce que l’écriture révèle, dans «ce mouvement de spirale» (p. 86) qui attire l’écrivain vers son propre cœur, est cette rupture d’où le désir ne peut jaillir que du mot absent et de l’impossibilité «même de prononcer son propre nom» (p. 62).
 
Pour Louis-Combet, «un mot ou un nom fut jadis raturé» (p. 19), quelque part au cours de l’enfance, et c’est l’absence de ce mot ou de ce nom que l’écrivain interroge dans l’écrit et plus particulièrement dans la phrase. Ainsi, la phrase tourne pour l’écrivain «autour d’un point aveugle, d’un mot d’absence entre tous les mots, comme d’un lieu d’origine, proprement innommable et improférable, d’où tous les autres mots procéderaient» (p. 58). Du reste, dès lors que les mots n’énoncent plus que l’absence et le vide, toute approche frontale du texte demeure sans écho, dérisoire. Pour l’écrivain, il ne reste alors qu’un recours, le comme si. Et cette locution introduit, pour l’auteur, «le mouvement de contour et d’approximation qui rend sensible le vide qu’elle se porte à combler» (p. 94), dans le corps du texte, en «multipliant les hypothèses, les analogies et les approximations» (p. 118).
 
En ce sens, le comme si indique un chemin à suivre, non pas directement, mais par une voie de contournement, et ne peut s’approcher du mot absent «qu’à la condition de préserver la distance» (p. 121). Or, c’est précisément à travers cette distance que Louis-Combet en vient à rendre compte d’une véritable éthique du «renoncement» (p. 35), qui repose à la fois sur un travail de déracinement et de désappropriation. L’écrivain est celui qui renonce à lancer, par-dessus l’abîme, «des passerelles de mots qui jamais n’attein[dront] l’autre côté du vide» (p. 107). De fait, ce travail de renoncement relève, chez Louis-Combet, tant d’une posture esthétique de l’ordre de la «censure subjective» (p. 112) que d’une attitude envers l’écriture. Car, pour reprendre ses mots, peut-être faut-il «avoir le courage de renoncer à l’écriture pour commencer à vivre autrement ?» (p. 124)
 

Source : Interligne - UQÀM (http://www.interligne.uqam.ca/pages/liste_biblio.asp)