Notes sur le cinématographe

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TitreNotes sur le cinématographe
Type de publicationLivre
Année de publication1995
Auteur·e·sRobert Bresson
CollectionFolio
Nombre de pages137
ÉditeurGallimard
VilleParis
Résumé

Résumé descriptif:

Au-delà du regard critique que porte Robert Bresson sur le cinéma, Notes sur le cinématographe témoigne de la démarche, personnelle et cohérente, du cinéaste dans la pratique de son art. Élaboré sous forme de notes, écrites entre les années 1950 et 1974, cet ouvrage constitue en quelque sorte le travail d’atelier de l’auteur, où les réflexions et les préoccupations qu’il met de l’avant donnent corps à une vision du cinéma audacieuse et originale. C’est dire que chacune de ces notes est pour Bresson le lieu privilégié d’un questionnement sur l’art de faire des films, sur le rôle de l’acteur, de l’image et du mouvement, pour ne nommer que quelques grandes pistes de réflexion. Plus encore, la voix qui se donne à entendre, non pas dans la note en tant que telle, mais dans l’ensemble des notes, ouvre sur une véritable esthétique du cinématographe. 
 
Selon Bresson, qui n’hésite pas à qualifier le cinéma de ses contemporains de «théâtre photographié» (p. 18) ou despectacle filmé (p. 18), la différence entre cinéma et cinématographe résiderait autant dans la façon de faire les films que de les penser. D’abord parce que le cinématographe, «écriture neuve avec des images en mouvement et des sons» (p. 18), se présente comme «une méthode de découverte» (p. 70), comme le lieu d’expériences nouvelles. Ensuite parce que le cinématographe, en réaction à «la reproduction photographique d’acteur jouant la comédie» (p. 70), mise sur l’invention plutôt que sur la répétition. 
 
Espace de libertés, de hasards et de silence, le cinématographe est également perçu comme l’espace d’une grande rigueur, celle qui naît du souci constant d’un créateur pour ce qui est de la justesse, de l’immobilité et de la pauvreté : «Cinématographe, art, avec des images, de ne rien représenter.» (p. 116)
 
Résumé interprétatif:
 
C’est à travers ce qui constitue l’essence même de son aventure cinématographique que Robert Bresson donne à lire, dans Notes sur le cinématographe, une réflexion qui rend compte des enjeux et des exigences de son travail créateur en regard de ces «merveilleux hasards [...] qui agissent avec précision» (p. 43). Inspirée et innovatrice, cette réflexion sur le cinéma questionne non seulement la posture du cinéaste devant son œuvre, mais également le travail de tout créateur, que ce soit en littérature ou ailleurs. L’auteur pose ainsi les premiers jalons d’une éthique de la justesse, de la pauvreté et de l’authenticité en tissant, note par note, la trame d’une esthétique de ce qu’il appelle le cinématographe. Esthétique qu’il établit en réaction à ce que les autres nomment le cinéma et qui relève, en quelque sorte, d’une dialectique de l’être et du paraître.
 
Pour Bresson, la différence entre cinéma et cinématographe réside autant dans la façon de faire que de penser les films. Façon, en l’occurrence, de préciser ses rapports au modèle (mot qu’il préfère à celui d’acteur), à l’image, au mouvement, à la musique et au montage. Mais ce que Bresson reproche au cinéma, qu’il qualifie d’emblée de «théâtre photographié» (p. 18) ou de spectacle filmé (p. 18), c’est de conforter le spectateur dans ses attentes, d’employer «les moyens du théâtre (acteur, mise en scène, etc.) et [de se servir] de la caméra afin de reproduire» (p. 17) un univers hybride, à mi-chemin entre le cinéma et le spectacle. En revanche, le cinématographe échappe à la reproduction photographique, il noue «entre des personnes et des choses qui existent et telles qu’elles existent, des rapports nouveaux» (p. 27), il «recompose» (p. 21) le réel de manière à assurer le «passage d’images mortes à des images vivantes» (p. 89). C’est dire que le cinématographe se sert de la caméra pour créer et qu’il est, comme ses modèles, «préservé de toute obligation envers l’art dramatique» (p. 64).
 
De fait, les frontières entre le cinéma et le cinématographe que met en place Robert Bresson, puisqu’il ne saurait être «rien de plus inélégant et de plus inefficace qu’un art conçu dans la forme d’un autre» (p. 67), témoignent d’un souci constant de la pureté de l’art. Souci qui trouve son expression dans l’acharnement que met le cinéaste à évacuer toute forme de compromis et de complaisance, misant plutôt sur la recherche de la plus grande unité possible entre les éléments du film. Pour Bresson, un film de cinématographe est «un film où l’expression est obtenue par des rapports d’images et de sons» (p. 21), un film qui lie, à travers le montage, «les personnes les unes aux autres et aux objets par les regards» (p. 24). Les images et les sons participent en cela à cette recherche d’unité, ils sont perçus «comme des gens qui font connaissance en route et ne peuvent plus se séparer» (p. 48), comme l’expression d’un équilibre, certes fragile, mais nécessaire, afin de rendre compte du silence et de l’immobilité autour desquels Bresson bâtit ses films.
 
À la recherche d’un langage autre, d’un langage qui parviendrait à traduire «le vent invisible par l’eau qu’il sculpte en passant» (p. 77), le cinématographe tient à distance ceux qui croient que l’essence d’un art réside et opère à partir de l’esprit. Écriture des sens en ce qu’elle est une «façon neuve d’écrire, donc de sentir» (p. 41), l’esthétique du cinématographe démontre que tout créateur devrait creuser sa «sensation, [regarder] ce qu’il y a dedans» (p. 61), puisque pour Bresson l’art est ressenti par le corps tout entier.

Source : Interligne - UQÀM (http://www.interligne.uqam.ca/pages/liste_biblio.asp)