Petite réflexion autour du culte moderne des dieux faitiches

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TitrePetite réflexion autour du culte moderne des dieux faitiches
Type de publicationLivre
Année de publication1996
Auteur·e·sBruno Latour
CollectionLes empêcheurs de penser en rond
Nombre de pages103
ÉditeurÉditions Synthélabo
VilleLe Plessis-Robinson
Résumé

Résumé descriptif:

Issue d’un stage de trois mois dans un centre multidisciplinaire d’ethnopsychiatrie, l’étude de Bruno Latour cherche à comparer, selon les règles de l’anthropologie symétrique, les valeurs et les croyances des civilisations dites primitives de celles que l’on dit modernes. Cet exercice conduit l’auteur à interroger la nature des «rapports de force» (p. 92) qui définissent la divinité et l’anti-divinité des idoles, ainsi que la construction des fétiches et leur signification du point de vue de la pensée occidentale. Les liens entre les «objets fées» (les fétiches, c’est-à-dire les objets dont le penseur moderne ne reconnaît pas le bien-fondé du point de vue de la raison) et les «objets faits» (les objets ou connaissances auxquels il accorde une légitimité objective) sont au centre de la réflexion que propose l’ouvrage.
 
Pour l’antifétichiste, construction subjective du monde et vérité objective sont inconciliables : la vérité objective ne peut être le produit d’une activité du sujet humain. Pour le fétichiste, cette distinction n’existe pas. La créature peut produire le créateur, fabriquer de ses mains des idoles ; de vrais dieux peuvent être construits.
 
Or, il se trouve que l’antifétichiste, soutient Latour, emprunte les mêmes chemins que le fétichiste dans la construction de la réalité et que la subjectivité y joue un rôle structurant. Ce constat le conduit donc à élaborer le concept de «faitiche», qu’il définit précisément comme «ce qui permet le passage de la fabrication à la réalité [...]» (p. 67). Ce «faitiche» offre ainsi la possibilité de résoudre l’apparente contradiction entre les deux visions et de faire voir ce qu’elles ont en commun.
 
En somme, en acceptant comme synonymes la construction et la vérité, l’auteur fait redescendre les divinités dans le monde, et les «install[e] dans l’existence». (p. 85).
 
Résumé interprétatif:
 
À l’aide de mises en scène imaginaires, citations de différents philosophes et chercheurs, extraits de textes, schémas et nombreuses références à des ouvrages actuels, Bruno Latour propose ici une réflexion en deux parties («Objets Fées, objets faits» et «Trans-frayeurs»), qui explore la question de la croyance. Cette réflexion prend racine dans une anthropologie symétrique des modernes et des civilisations dites primitives.
 
Partant du fait que les modernes rejettent le fétiche, qu’ils considèrent issu d’une croyance naïve à une force qui nous dépasse, Latour fait valoir que la raison moderne n’échappe cependant pas au fétichisme. En retirant à l’objet de culte son pouvoir transcendantal sur l’être humain, le moderne cherche à affirmer sa souveraineté.
 
Si nous comparons la création d’un fétiche à la recherche scientifique, une continuité apparaît aussitôt entre le travail humain et l’objet autonome. Ce que le scientifique élabore dans son laboratoire acquiert de fait une réalité qui le dépasse : en cela, cet »«objet» scientifique n’est donc pas foncièrement si différent du fétiche. Pourtant, à cause des paradigmes qui le guident dans son travail, le scientifique persiste à croire le contraire et à maintenir une distinction entre réalité construite et réalité objective. Ce faisant, et c’est ce que Latour dénonce, il cherche à briser des fétiches, mais n’égratigne même pas les siens.
 
C’est précisément en interrogeant les moyens par lesquels la raison moderne parvient à construire la vérité scientifique que Latour rétablit la nécessité du fétiche par l’intermédiaire duquel construction et réalité deviennent synonymes. Puisque l’antifétichiste ne peut pas vraiment vivre sans avoir recours à toutes sortes de réparations et de rafistolages, Latour associe les concepts de fait et de fétiche pour introduire l’idée de «faitiche», qu’il définit comme «la robuste certitude qui permet à la pratique de passer à l’action sans jamais croire à la différence entre construction et recueillement, immanence et transcendance» (p. 44).
 
Quant à la création, elle est principalement sollicitée ici par une théorie de l’action dont Latour invite à se rapprocher, puisque, dira-t-il, celle-ci permet de «recueillir exactement ce que les créateurs font en propre, au moment même où ils sont légèrement dépassés par leurs actions, parce qu’ils sont légèrement dépassés par leurs actions» (p. 45).

Source : Interligne - UQÀM (http://www.interligne.uqam.ca/pages/liste_biblio.asp)