@book {430, title = {Fen{\^e}tres}, year = {2000}, pages = {173}, publisher = {Gallimard}, organization = {Gallimard}, edition = {Folio}, address = {Paris}, abstract = {

R{\'e}sum{\'e} descriptif:

Fen{\^e}tres est un ouvrage constitu{\'e} de fragments denses et autonomes dans lesquels Jean-Bertrand Pontalis, psychanalyste et {\'e}crivain, tente de cr{\'e}er son propre \«lexique {\`a} usage personnel\» (p. 13). Il veut d{\'e}velopper une s{\'e}rie d\’id{\'e}es pr{\'e}cises, regroup{\'e}es autour de th{\'e}matiques centrales {\`a} sa r{\'e}flexion, qui trouvent leur source dans l\’attention port{\'e}e par l\’auteur {\`a} certains mots, images et {\'e}v{\'e}nements particuliers. D\’entr{\'e}e de jeu, il pr{\'e}cise son intention : \«Je souhaiterais plut{\^o}t m\’ouvrir et {\'e}ventuellement ouvrir pour le lecteur quelques fen{\^e}tres en faisant mienne la prescription des m{\'e}decins d\’autrefois : \“ Vous devriez changer d\’air, cela vous ferait du bien\”\» (p. 14). Pontalis s\’inspire de ses lectures, de ses rencontres, de ses patients, non pour chercher le pourquoi, mais le comment du mouvement de la pens{\'e}e cr{\'e}atrice, toujours avec prudence, car il se m{\'e}fie des concepts qui enferment.
L\’analyse, le r{\^e}ve et l\’{\'e}criture fondent toute cette r{\'e}flexion. Par la nature du lien qui les unit et dont le r{\^e}ve est le pivot, ces trois instances actives d{\'e}livrent le moi de lui-m{\^e}me, l\’incitent {\`a} s\’ouvrir. Cette ouverture conduit le sujet {\`a} consid{\'e}rer autrement son appartenance au langage en revisitant les concepts. Il d{\'e}sire leur redonner un ancrage corporel et accorder au signifiant l\’importance qui lui revient dans toute perception du monde. Pontalis consent {\`a} la non-ma{\^\i}trise qui r{\'e}sulte de son refus d\’adh{\'e}rer {\`a} un cadre interpr{\'e}tatif rigide et cherche {\`a} se lib{\'e}rer des contraintes du discours ma{\^\i}tris{\'e} : \«Je r{\^e}ve... d\’une pens{\'e}e de jour qui serait r{\^e}vante, non pas r{\^e}veuse, mais r{\^e}vante.\» (p. 38) S\&$\#$39;appuyant sur une logique associative, cette pens{\'e}e r{\^e}vante dynamise la r{\'e}flexion qui pr{\'e}vaut dans l\’ouvrage.
Cependant, l\’auteur pose constamment un regard critique sur les th{\'e}ories psychanalytiques et sur la psychanalyse institutionnalis{\'e}e {\`a} laquelle il appartient, et il ne d{\'e}roge jamais {\`a} sa position de praticien. Par-del{\`a} le chemin initi{\'e} par Freud, Pontalis est engag{\'e} dans un mouvement d\’abandon et ne referme aucune des possibilit{\'e}s qui se pr{\'e}sentent {\`a} lui. Il entre dans ces fen{\^e}tres avec une attitude d\’\«[h]umilit{\'e} face {\`a} l\’inconscient\» (p. 28), convaincu d\’y trouver une \«pens{\'e}e {\`a} l\’{\'e}tat naissant\» (p. 118). L{\`a} o{\`u} s\’incarne le langage.
R{\'e}sum{\'e} interpr{\'e}tatif:
Fen{\^e}tres se pr{\'e}sente comme un recueil de textes courts et riches, tenant {\`a} la fois de la prose fragmentaire et de la m{\'e}ditation critique, qui proposent une r{\'e}flexion sur le langage, le r{\^e}ve, l\’{\'e}criture et l\’analyse. Jean-Bertrand Pontalis recr{\'e}e par et dans l\’{\'e}criture le processus de l\’analyse. Les conditions qui r{\'e}gissent la pratique psychanalytique sont les m{\^e}mes que celles qui inspirent sa d{\'e}marche d\&$\#$39;{\'e}crivain : \«Pour moi, l\’{\'e}criture et l\’analyse s\’abandonnent, se confient toutes deux, chacune {\`a} sa mani{\`e}re, au courant de la langue\» (p. 74). Il porte un regard singulier sur la psychanalyse, se penche sur son mouvement, ses limites. Le langage est le premier objet qu\&$\#$39;on doit se r{\'e}approprier pour permettre l\’acc{\`e}s {\`a} une r{\'e}alit{\'e} profonde, plus pr{\`e}s de l\’origine des choses : \«Avant le langage, la po{\'e}sie [\…] nous fait croire que le mot pourrait bien {\^e}tre la chose\» (p. 112). Cette constatation am{\`e}ne l\&$\#$39;auteur {\`a} faire ensuite, toujours par le biais de sa relation {\`a} la langue, des corollaires entre la pratique psychanalytique et l\’activit{\'e} litt{\'e}raire, o{\`u} il reconna{\^\i}t la \«n{\'e}cessit{\'e} de l\’incarnation\» ( p. 75), celle de l\’union du logos et de la chair. Les mots prennent corps, se mat{\'e}rialisent en donnant vie au mouvement cr{\'e}ateur.
Pour y parvenir, Pontalis cherche {\`a} recouvrer un langage plus sensitif ; il d{\'e}sire rendre une sensibilit{\'e} aux mots, aux images. Un tel langage entretient des rapports {\'e}troits avec \«le temps de l\’infans\» (p. 29), ce hors-temps o{\`u} les sens du nourrisson sont en {\'e}veil. En effet, la sensualit{\'e} de l\’infans se donne {\`a} la fois comme une pens{\'e}e, une parole, une {\'e}criture mouvantes. Cet {\'e}tat d\’esprit fait partie int{\'e}grante d\’une pens{\'e}e po{\'e}tique, certes, qui r{\'e}habilite l\’origine des mots. Tout au long de l\’ouvrage, la fixit{\'e} du concept est remise en cause ; Pontalis le reconsid{\`e}re, le retourne contre lui-m{\^e}me. Il questionne une conception fig{\'e}e de la connaissance : \«Pour que la pens{\'e}e se remette en marche, il lui faut d\’abord tomber en arr{\^e}t, {\^e}tre saisie d\’effroi ou d\’{\'e}merveillement, se laisser ravir, au risque de se perdre\» (p. 28). L\’exigence {\`a} laquelle l\’auteur soumet son {\'e}criture le dirige non pas vers le moi, mais vers le \«je\» (p. 43), l{\`a} o{\`u} tout reste {\`a} d{\'e}couvrir, {\`a} construire, dans un {\'e}ternel commencement {\`a} chaque fois {\'e}merveill{\'e}. Ce processus exige une m{\'e}moire en mouvement, une m{\'e}moire fortifi{\'e}e par l\’oubli, qui accorde disponibilit{\'e} et espace, essentiels {\`a} une prise de conscience du pr{\'e}sent. Bien que confront{\'e}e aux limites du langage usuel, la qu{\^e}te poursuivie par l\’auteur le pousse {\`a} explorer d\’autres voies signifiantes, plus intuitives, notamment dans la psychanalyse, par laquelle on peut \«[c]onsentir {\`a} se laisser capter, emporter, {\`a} ne plus voir ce qui est autour de soi, {\`a} ne plus {\^e}tre enferm{\'e} dans ce qu\&$\#$39;on croit {\^e}tre soi, {\`a} ne plus rien entendre que ces voix-l{\`a}, venues de l\&$\#$39; \‘arri{\`e}re-pays\’\» (p. 112). Le langage ainsi enrichi de sens se r{\'e}percute sur l\’analyse et l\’{\'e}criture, qui se voient dot{\'e}es de dimensions inattendues.\ 
Advient alors une pens{\'e}e souple qui cherche {\`a} s\’incarner en se d{\'e}robant {\`a} tout statisme. Pour Pontalis, la pr{\'e}sence d\’un cadre s\’av{\`e}re tout de m{\^e}me essentielle \—elle permet d\’en sortir\— en donnant acc{\`e}s {\`a} l\’illimit{\'e}. \«Le cadre : condition n{\'e}cessaire {\`a} coup s{\^u}r pour que la r{\'e}alit{\'e} psychique prenne toute la place, pour que l\’analyse puisse imprimer du mouvement {\`a} la pens{\'e}e, {\`a} la m{\'e}moire, {\`a} la parole.\» (p. 82) Il est {\'e}galement pr{\'e}sent dans toute relation {\`a} autrui, notamment dans la notion de dialogue o{\`u} la part de l\’intuition est importante. Mais il sert aussi {\`a} donner une orientation, {\`a} cr{\'e}er une ouverture.\ 
Sans \«conscience de sa destination\» (p. 38), entra{\^\i}n{\'e}e par la seule force de son mouvement, la pens{\'e}e r{\^e}vante offre des espaces, des br{\`e}ches. Elle proc{\`e}de par la r{\'e}p{\'e}tition, une r{\'e}p{\'e}tition n\’ayant toutefois rien {\`a} voir avec le ressassement, mais qui conduit ailleurs. La pens{\'e}e r{\^e}vante {\'e}chafaude le livre lui-m{\^e}me, fragmentaire, avec ses trous et ses vides pleins de l\’autre, et se retrouve jusque dans le rythme de l\’{\'e}criture. La prose de Pontalis, au-del{\`a} du centre vif de son propos, signale l\’urgence d\’une n{\'e}cessit{\'e} : faire {\'e}clater \«le moi-m{\^e}me\» (p. 43) afin que puisse en resurgir une pens{\'e}e po{\'e}tique du vivant.

Source : Interligne - UQ{\`A}M (http://www.interligne.uqam.ca/pages/liste_biblio.asp)

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