La parole est un fil ténu qui vibre sur l'immensité du silence. Les mots s'enracinent à ce fond, ils sont le rhizome nourri à cet humus, ils soustraient à la profusion du sens par un choix de langage qui aurait pu être autre. Et parfois une parole émise hors de propos, inutile, se dissout d'elle-même dans son insignifiance, elle résonne alors comme un gauchissement du silence, une contrariété à son exigence qui donne justement son prix au langage. Le silence interroge les limites de toute parole, il rappelle que le sens est contenu au sein de bornes étroites face à un monde inépuisable qui est toujours en retard sur la complexité des choses. p. 20