Si je me limite à n'écouter que le livre que je veux faire, je manque toute la matière qui s'offre à moi au moment où je rêve ce livre. Je passe à côté du livre qui se fait. Il est nécessaire d'accepter au contraire la transformation incessante de l'objet. Sans ce consentement, la pensée se divise et manque à l'écoute. Si bien que, paradoxalement, au sein du travail créateur, le dessaisissement constitue sans doute la plus grande liberté qui m'est donnée. p. 76