Est-ce parce que ma relation avec ma mère a beaucoup changé que Violette Leduc, qui m’avait paru si familière, comme si elle se fût adressée à moi, m’est aujourd’hui devenue étrangère, presque jusqu’à l’abstraction? Sans doute en partie. Mais il y a aussi l’écriture. Car la romancière m’avait aussi appris qu’un écrivain peut parler de choses intimes sans trahir l’écriture ni décevoir ses exigences, que s’il fait confiance à sa sensibilité, à son imagination et s’engage pleinement dans le travail de la forme, une transfiguration de la matière biographique, voire de la trivialité, est possible, et que, partant, tout regard sur soi n’est pas forcément complaisant. Or cette leçon, elle, m’est restée.